«La présence de Victoria Nuland à la Rada est une humiliation pour les Ukrainiens»
Nombreux sont ceux qui s’étonnent du fait que la sous-secrétaire d’Etat américaine Victoria Nuland ait donné des conseils aux députés d’un pays souverain au sujet des amendements qui doivent être portés à la Constitution ukrainienne et qui concernent la décentralisation du pouvoir dans le pays.
Dans une interview accordée à RT, l’analyste politique serbe Alexandre Pavic a qualifié a présence «maladroite». «Il faut au moins garder le respect de soi», s’insurge l’analyste politique contre les autorités ukrainiennes. «Avant d’arriver en Ukraine, Victoria Nuland a passé les sept jours derniers dans les Balkans. Les chefs d’Etat des pays qui ont été créés lors de ces 20 dernières années. Elle a dit aux pays des Balkans ce qu’ils devaient faire, et pour l’instant, elle est arrivée à Kiev pour leur dire ce qu’il faut faire. C’est une humiliation pour les Ukrainiens. Ils doivent se demander si Maïdan a servi à ce qu’un tuteur étranger contrôle dans leur parlement s’ils suivent le bon chemin», a déclaré Alexandre Pavic.
Il est à noter que lors des manifestations de Maïdan, la sous-secrétaire des Etats-Unis Victoria Nuland avait distribué des biscuits et du pain aux manifestants. A l’époque, elle avait rencontré les dirigeants de l’opposition. Plus d’un an et demi après, rien n’a changé : la haute responsable américaine est toujours en Ukraine.
Par ailleurs, lors du vote de la Rada (le parlement ukrainien) sur les amendements à la Constitution, les représentants de 10 ambassades étrangères, dont l’ambassadeur américain Geoffrey Pyatt, se trouvaient dans l’hémicycle.
La décentralisation de l’Ukraine, est-elle possible ?
288 députés ont voté pour l’envoi devant la Cour constitutionnelle d’amendements faits à la Constitution en vue d’une décentralisation de l’Etat ukrainien. Reste que ces amendements préservent la forme unitaire de l’Ukraine et ne garantissent pas de statut particulier au Donbass. «Il ne s’agit pas d’une fédéralisation. L’Ukraine était, est et restera un Etat unitaire», a martelé le président Petro Porochnko. Des propos qui contreviennent aux accords de Minsk de février 2015, conformément auxquels Kiev doit octroyer un statut particulier au Donbass.
De plus, les changements envoyés devant la Cour constitutionnelle n’ont été présentés ni aux membres du groupe de contact de Minsk, ni aux représentants du Donbass qui ont déjà déclaré qu’ils ne se sentiraient plus liés par les accords au cas où ces amendements seraient adoptés.
«C’est le défi des accords. Porochenko a clairement dit dans son discours que l’Ukraine était un Etat unitaire. Cela signifie que l’autonomie n’est même pas mentionnée, on en est loin. Des gens qui ont lutté lors du Maïdan ne voient pas de changements du gouvernement depuis plus d’un an. Cela ne provoquera que plus de guerre et d’hostilité au lieu de la réconciliation», estime encore Alexandre Pavic.