Une enquête de grande ampleur sur la question de l'immigration et de sa réception par l'opinion a été conduite par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol, think tank considéré comme appartenant à la droite libérale) dans 26 pays, dont 22 Etats européens. Les résultats, révélés par Le Figaro Magazine, témoignent à la fois d'une inquiétude très marquée à l'égard des flux de population, et d'une volonté de venir en aide aux réfugiés en les accueillant.
Dirigée par Dominique Reynié et intitulée «Où va la démocratie ?», l'étude montre que l'hostilité à l'immigration est majoritaire en Europe, et ce auprès de toutes les catégories d'âge des sondés, même si elle tend à être moindre chez les 18-34 ans. Ces derniers sont 57,5% à considérer que l'immigration est négative pour leur société ; ce taux varie autour de 60% pour les autres catégories d'âge, portant la moyenne totale à 60%. Dans certains pays, ce taux est cependant significativement plus faible – il est ainsi de 50% en Allemagne.
En revanche, l'accueil des réfugiés est perçu de manière clairement positive. Près de 65% des Européens considèrent en effet qu'il s'agit d'un «devoir» de recevoir des personnes «fuyant la guerre où la misère». Là encore, les disparités entre pays sont marquées. Ainsi, parmi les raisons invoquées par les personnes opposées à l'accueil de réfugiés, les préoccupations économiques prédominent en Europe occidentale, celles liées à la culture et à la religion en Europe orientale.
Autre enseignement de cette étude : contrairement à une opinion communément partagée, il n'existerait pas de corrélation entre la situation économique d'un pays et la propension de ses habitants à accepter ou refuser l'immigration. Dans des pays généralement considérés comme en bonne santé économique, tels l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, la Suisse, la Finlande et les trois pays scandinaves, l'opposition à l'immigration atteint des niveaux élevés. «On entend beaucoup dire en France que la fin du chômage réglera les problèmes de cohabitation : c'est faux, les pays sans chômage ou à chômage résiduel connaissent les mêmes problèmes», assure Dominique Reynié au Figaro Magazine.