Economie

Grèce : «Un nouveau traité de Versailles», l'austérité adoptée malgré les protestations

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a réussi cette nuit à faire adopter au Parlement les premières réformes exigées par les créanciers en vue d'un nouveau plan d'aide. 39 députés de Syriza ayant voté contre, il a dû faire appel à l'opposition.

Le débat a commencé vers 21h00 heure locale (18h00 GMT) tandis qu'à l'extérieur, dans les rues d'Athènes, des échauffourées entre plusieurs dizaines de jeunes gens casqués et masqués et la police avaient lieu.

Grèce : gaz poivre et bombe lacrymogène utilisés contre les manifestants hostiles à l’accord

Les manifestants qui lançaient des projectiles, s'en prenant au mobilier urbain et aux vitrines des boutiques ont été dispersés par l'usage de gaz lacrymogènes.

Environ 12 000 personnes opposées aux réformes étaient présentes à la manifestation, à la suite d'une journée marquée par la première grève de fonctionnaires depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir.

Les mesures, qui concernaient notamment des hausses de la TVA, des mesures sur les retraites et l'adoption d'une règle d'or budgétaire, ont été adoptées par 229 voix «pour». 64 députés ont voté «contre» et 6 se sont abstenus.

Si le parti de droite souverainiste ANEL, qui gouverne avec le parti de gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras, a soutenu celui-ci avec sa douzaine de députés, des défections importantes ont été enregistrées dans le camp du Premier ministre.

Ainsi, 39 députés de Syriza lui ont fait défaut, votant contre (32), comme l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis et la présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou, s'abstenant (6) ou étant absents (1).

Yanis Varoufakis, qui ne s'est pas exprimé devant le Parlement, a comparé l'accord à «un nouveau traité de Versailles», et l'a reproduit sur son blog, entièrement annoté de critiques en rouge, écrivant aux internautes : «Lisez ça et pleurez !».

Cela fait perdre au Premier ministre sa majorité parlementaire (Syriza et ANEL ont 162 sièges sur 300), sans qu'il en tire immédiatement des conséquences. 

Ainsi, le vote d'hier, intervenu environ une heure après la limite de minuit requise par les créanciers, est la première étape d'un parcours du combattant fixé à Athènes lundi matin par l'UE et le FMI, afin de lui permettre d'espérer un troisième plan d'aide d'au moins 80 milliards d'euros. 

«Lundi matin à 09h30 (moment de la signature, ndlr) fut le pire moment de ma vie», a déclaré le nouveau ministre des Finances Euclide Tsakalotos. 

Alexis Tsipras  a admis «désapprouver le projet d'accord sur de nombreux points». «Mais c'était ça ou un défaut désordonné», a-t-il soutenu.

Le Premier ministre a estimé que l'accord prévu, notamment parce qu'il donne de la visibilité pour trois ans, est meilleur que celui que les Grecs ont rejeté le 5 juillet à plus de 61% lors du référendum, qui ne portait que sur cinq mois.

Aux difficultés économiques en Grèce s'ajoute également la crise politique. Ainsi, dans la journée, la ministre adjointe des Finances Nadia Valavani a rendu son portefeuille. 

Autre personnalité à voter non, le ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis a assuré pour sa part après le vote que Syriza, dont il est à l'aile gauche, continuait «uni, et soutenait toujours fortement le gouvernement».