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«La légitimité du pouvoir iranien vient du peuple et non des armes américaines», estime Téhéran

Devant des journalistes à New York, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a expliqué que l'Iran était une démocratie où la légitimité du pouvoir appartenait au peuple, contrairement à certains pays alliés de Washington.

Dans un entretien avec la Asia Society, organisation à but non lucratif basée à New York, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a insisté sur le fait que son pays était une démocratie, dont le gouvernement tenait son pouvoir de son peuple et non grâce à une pression extérieure.

«Peut-être que le président [Donald] Trump aime voir l'Iran comme une dictature, mais il est intéressant de rappeler que tous ses alliés dans la région n'aient même pas vu une seule urne dans leurs pays», a déclaré Mohammad Javad Zarif à l'animateur de télévision américain Charlie Rose. Et d'ajouter : «Nous ne tirons pas notre légitimité du "beau matériel militaire" que nous recevons des États-Unis».

«Notre société n'est pas si différente [de la société américaine], nous avons les mêmes processus politiques», a expliqué le ministre iranien.

Malgré des tensions évidentes avec l'Arabie Saoudite voisine, avec qui Washington a récemment conclu un contrat de vente d'armes record, Mohammad Javad Zarif a souligné que Téhéran espérait travailler avec Riyad pour renforcer la sécurité au Moyen-Orient.

«Nous ne nous faisons pas d'illusions sur le fait que nous ne pouvons exclure l'Arabie saoudite de cette région. Nous croyons que l'Arabie saoudite est un acteur extrêmement important dans la région et que son rôle doit être respecté», a déclaré le ministre.

«Mais nous nous attendons à ce que l'Arabie saoudite reconnaisse également que nous sommes une partie importante de cette région et qu'ils ne pourront jamais exclure l'Iran», a-t-il poursuivi.

Concernant la Syrie, le ministre iranien des Affaires étrangères a affirmé que Washington avait apparemment complètement changé ses priorités dans la région et préférait empêcher Damas de reprendre ses frontières avec l'Irak, plutôt que de lutter contre Daesh.

Alors que Moscou a «toujours été ouvert et clair sur ses intentions et a sincèrement voulu résoudre la crise» en Syrie, les plans de Washington pour la Syrie «demeurent un mystère», a ajouté Mohammad Jawad Zarif.

L'accord sur le nucléaire iranien de plus en plus fragile

Washington et Téhéran ont été en désaccord sur l'avenir de l'accord nucléaire iranien sous l'administration de Barack Obama. Connu sous le nom du Plan d'action global commun (JCPOA), l'accord de juillet 2015 entre Téhéran et six grandes puissances internationales stipule que la république islamique doit limiter son programme nucléaire pendant une durée de quinze ans en échange d'un assouplissement des sanctions sur le pays.

Bien que Téhéran ait déclaré à maintes reprises que les termes existants du JCPOA n'étaient pas négociables, plus tôt cette année, le Congrès des États-Unis a adopté une législation qui obligerait l'Iran à limiter d'autres activités, telles que les essais de missiles, qui ne sont pas couverts par l'accord.

En vertu de la loi américaine et par l'intermédiaire du Congrès, Donald Trump doit réévaluer le JCPOA tous les 90 jours afin de décider si l'accord sur le nucléaire iranien est dans le meilleur intérêt des États-Unis. La prochaine révision se fera le 15 octobre prochain.

La semaine dernière, Donald Trump, qui a également accusé Téhéran d'être une dictature et le principal sponsor du terrorisme dans la région, a de nouveau déclaré que l'accord avec l'Iran était «embarrassant pour les États-Unis», menaçant d'y renoncer.

L'Iran, pour sa part, a menacé de reprendre son programme nucléaire à «un rythme plus soutenu» si les États-Unis continuaient de violer les termes de l'accord.

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