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La Russie défend un Irak uni et appelle au dialogue après le référendum au Kurdistan

Moscou s’est prononcé pour le maintien de l’intégrité territoriale de l’Irak, tout en reconnaissant les aspirations nationales des Kurdes et en appelant Erbil et Bagdad au dialogue. Une position qui fait écho à celle qui a été exprimée par Paris.

Deux jours après le référendum sur l’indépendance qui s'est déroulé dans le Kurdistan irakien et soldé par la victoire écrasante du «oui», selon le chef du gouvernement régional, un certain nombre de capitales ont dénoncé cette consultation. Plus modéré dans sa réaction, Moscou a tenu à témoigner ce 27 septembre de son «respect aux aspirations nationales kurdes».

Toutefois, la Russie a déclaré soutenir «la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Irak», selon un communiqué publié par le ministère russe des Affaires étrangères. «La Russie estime qu'il est crucial d'éviter tout ce qui pourrait compliquer et déstabiliser davantage la situation au Moyen-Orient, région déjà étouffée par les conflits», a également déclaré la diplomatie russe. Elle a aussi appelé les autorités kurdes et irakiennes à résoudre tous les litiges existants «dans le cadre d'un dialogue constructif et respectueux, destiné à élaborer une formule mutuellement acceptable de coexistence au sein d'un Etat irakien uni».

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Une position proche de celle de Paris

Le Kurdistan se retrouve actuellement sous le feu de nombreuses critiques. Le pouvoir central irakien a déjà menacé de suspendre tous les vols des deux aéroports régionaux et a demandé aux pays étrangers de ne traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières. A l'étranger, ce scrutin est toujours aussi largement critiqué, tout particulièrement par la Turquie, la Syrie et l'Iran, trois pays voisins comptant des minorités kurdes. Les Etats-Unis, de leur côté, avaient appelé les autorités kurdes à renoncer à leur référendum.

La Russie n’est pas le seul Etat à avoir plaidé la modération dans la résolution de cette crise. Lors d'une conférence de presse après son discours à l’assemblée générale de l’ONU, le 19 septembre, le président français Emmanuel Macron a exprimé un point de vue similaire, en refusant de s’opposer à la tenue du scrutin. Il a pourtant souligné qu’une déclaration d’un Etat kurde pouvait déstabiliser la région, et a espéré que le référendum mènerait à un dialogue entre Erbil et Badgad et à une résolution de leurs différends dans le cadre de la constitution irakienne.

Le président kurde Massoud Barzani a d’ailleurs reçu l’ambassadeur français en Irak, Bruno Aubert, le 23 septembre, afin de discuter du scrutin qui approchait. Le représentant de Paris a alors appelé Erbil à reporter la consultation, soulignant que la France ne s’y opposait pas mais que, organisée à ce moment-là, elle pouvait gêner la campagne contre Daesh. Sans succès. «Il est trop tard maintenant pour discuter le report, la décision n’étant pas entre les mains d’un parti ou d’une personne», a en effet déclaré la présidence kurde dans un communiqué diffusé le même jour.

Le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien, décision unilatérale prise par Massoud Barzani, s'est tenu le 25 septembre dans cette région, qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones que se disputent les Kurdes et le gouvernement central, dont la province multi-ethnique de Kirkouk (nord), riche en pétrole, ainsi que des secteurs des provinces de Ninive (nord), Dyala et Salaheddine (nord de Bagdad).

Plus de 3,3 millions de personnes se sont rendues aux urnes, soit 72,16% des 4,58 millions d'inscrits.