Le 26 septembre, le roi Salmane d'Arabie saoudite a publié un décret qui permettra aux femmes de conduire dans le royaume, selon l'agence d'Etat SPA. L'Arabie saoudite était jusqu'à présent le seul pays au monde à interdire cette pratique aux femmes.
Le décret royal ordonne la formation sous 30 jours d'un organe ministériel destiné à appliquer cette mesure d'ici juin 2018, toujours selon l'agence. Le texte prévoit d'autoriser la délivrance de permis de conduire aux femmes en Arabie saoudite.
«Nous sommes très heureux», s'est réjouie Heather Nauert, porte-parole de la diplomatie des Etats-Unis, grand allié de Riyad devant la presse à Washington. Quand des journalistes lui ont demandé si cette décision pourrait amener d'autres évolutions positives en matière de droits des femmes, elle s'est bornée à répondre : «Aujourd'hui, nous sommes contents.»
Une décision motivée par l'Economie ?
La question de l'autorisation de conduire pour les femmes est depuis plusieurs mois sujette à débat dans la société saoudienne. Et de nombreux arguments avancés en faveur de celle-ci sont d'ordre... économique. En avril 2016, le prince héritier Mohammed ben Salmane al-Saoud, avait ainsi évoqué cette possibilité dans le cadre d'un projet plus large de diversification de l'économie appelé «Vision à l'horizon 2030». Il prévoyait, entre autres, d'augmenter les dépenses des ménages dans les loisirs et d’accroître le nombre de femmes ayant un emploi, des objectifs qui s'accompagnaient d'une libéralisation (relative) dans certains domaines.
Il avait par ailleurs ajouté que l'accès des femmes au travail permettrait de «relever la productivité et de faire face aux problèmes de croissance de la population».
«La religion n'a pas grand-chose à voir là-dedans. Le fait que les femmes conduisent un véhicule est une question qui se rapporte à la communauté toute entière. C'est elle qui doit décider si elle accepte cela ou non», avait-il encore déclaré à l'époque, cité par The Independent.
En décembre 2016, le prince Al-Walid ben Talal, un autre membre de la famille royale saoudienne, avait lui aussi appelé à la fin de l'interdiction faite aux femmes de conduire pour des raisons économiques. Le recours à des chauffeurs privés étrangers pour se déplacer coûtant, selon lui, des milliards de dollars à l'économie du royaume.
L'Arabie saoudite applique une vision ultra-conservatrice de l'islam, dans laquelle la femme tient un rôle effacé dans la sphère publique. Elle doit notamment obtenir l'accord d'un homme, un tuteur (souvent leur père ou leur mari), pour travailler, voyager ou encore se marier.
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