Les Kurdes d'Irak ont commencé à voter le 25 septembre pour leur indépendance, lors d'un référendum historique qui devrait aboutir à la création d'un Etat. Le résultat de cette consultation ne mènera pas à une déclaration d'indépendance immédiate, mais marquera le début d'un processus de discussions avec Bagdad pour négocier les frontières du futur Etat.
Initié par le président kurde Massoud Barzani, le scrutin se tient non seulement dans la région autonome du Kurdistan au nord de l'Irak – qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk – mais aussi dans des zones que se disputent les Kurdes et le gouvernement central irakien.
Lors d'une conférence de presse le 24 septembre dans sa capitale d'Erbil, Massoud Barzani s'est montré inflexible : «Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l'indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé.»
«Nous nous attendons à des réactions d'un côté ou de l'autre, mais nous en sommes venus à une conviction : quel que soit le risque et le prix, c’est mieux que d'attendre un sombre destin», a-t-il martelé d'une voix calme mais ferme.
Opposition et menaces de Bagdad, Téhéran et Ankara
Cette consultation populaire se tient en effet dans un contexte de forte tension avec Bagdad, qui y est fermement opposé. Ces derniers jours, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi assurait encore qu'il prendrait «les mesures nécessaires pour assurer l'unité du pays». La Cour suprême irakienne, la plus haute instance judiciaire du pays, a même annoncé la suspension du scrutin pour en examiner la constitutionnalité. Mais dans cette région qui dispose déjà d'une grande autonomie, il est très difficile pour le pouvoir irakien de faire respecter sa volonté.
Le Premier ministre irakien refuse néanmoins toujours le divorce. «Prendre une décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région avec un référendum de séparation est contre la Constitution et la paix civile», a-t-il insisté la veille du scrutin.
Des pays voisins, comme la Turquie et l'Iran, sont également inquiets de voir leurs minorités kurdes suivre cet exemple, et ont menacé la région autonome de représailles. L'Iran a assuré qu'elle fermerait ses frontières avec le Kurdistan irakien s'il venait à gagner son indépendance, et a d'ores et déjà stoppé tous ses vols commerciaux vers la région. La Turquie, elle, a déjà averti que les représailles auraient des volets sécuritaires et économiques, alors que son armée a intensifié ses manœuvres à la frontière.
S'il n'a pu empêcher la tenue du scrutin, le gouvernement irakien espère maintenir une forte pression économique sur le Kurdistan. Bagdad a demandé le 24 septembre à tous les pays de ne traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières. Le Kurdistan produit en moyenne 600 000 barils par jour dont 550 000 sont exportés via Ceyhan, en Turquie.
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