Dans les cartons depuis des années, l'exposition «l'Islam c'est aussi notre histoire», organisée par le musée de l'Europe, a finalement ouvert ses portes à Bruxelles le 15 septembre.
Une ouverture repoussée pendant des mois après les attentats qui ont frappé Paris en novembre 2015 puis Bruxelles en mars 2016, et face à la difficulté de trouver un local où l'héberger.
C'est finalement l'espace Vanderborght, détenu par la ville de Bruxelles, qui a accepté d'accueillir l'exposition controversée. «Nous voulons expliquer aux Européens que l'islam fait partie de la civilisation européenne, que c'est n'a pas une importation récente mais qu'elle a des origines qui remontent 13 siècles auparavant», a confié à Associated Press (AP) Isabelle Benoit, l'historienne qui a pensé l'exposition.
L'islam a contribué «à faire ce que l'on est»
A travers des œuvres d'art ou encore des objets de tous les jours, le but est de montrer comment l'islam a influencé l'Europe pendant le règne musulman sur la péninsule ibérique, puis via l'empire Ottoman, et enfin pendant la période coloniale. L'exposition s'arrête en outre sur notre époque, à laquelle l'Europe fait face à un afflux massif de migrants en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et à une menace terroriste constante.
«Il se trouve que notre exposition tombe à un moment pertinent de l'Histoire, alors que les citoyens européens perçoivent la rencontre de leur continent et de l'islam dans ses manifestations tragiques», notent les organisateurs de l'évènement sur leur site internet. «Devrions-nous l'annuler ou la repousser en attendant des circonstances plus joyeuses ? Absolument pas», jugent-ils cependant, arguant qu'il est essentiel de montrer «la richesse de cette histoire, qui a aidé à faire ce que l'on est».
Plaintes de visiteurs musulmans
Mais ce sont les œuvres les plus récentes qui ont concentré l'attention des visiteurs. Jean Ulrick Desert a par exemple créé des burqas aux couleurs des drapeaux américain, britannique, français et allemand afin de montrer l'étendue de l'immigration.
Une installation de l'artiste américain Gregory Green, qui a placé une bombe dans un sac Louis Vuitton, a déclenché la colère de certains visiteurs musulmans. Nejia Adouiri, une enseignante belge, a déploré que les organisateurs fassent ainsi «un lien entre l'islam et les évènements qui se déroulent dans le monde», dans des propos rapportés par AP. Elle a en outre regretté que cette installation soit placée à la fin de l'exposition, donnant une impression finale négative de l'islam aux visiteurs.
Les organisateurs ont assuré que l'œuvre de Gregory Green ne serait pas enlevée malgré les plaintes, mais ont consenti à la changer de place et à la contextualiser.