Signé en 2016 par Justin Trudeau et Donald Tusk, le Traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (Ceta) entre provisoirement en vigueur pour trois ans le 21 septembre, en attendant une approbation définitive par les parlements nationaux des membres de l'Union européenne (UE).
En France, des opposants au traité ont présenté le 20 septembre un rapport critique lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale, en présence de députés des trois groupes de gauche : communistes (groupe de la Gauche démocrate et républicaine), La France insoumise et socialistes (groupe Nouvelle Gauche).
«Les organisations associatives, environnementales, syndicales et politiques demandent solennellement la suspension de l'application provisoire du Ceta et une réelle consultation des citoyens, à travers un référendum», concluent les auteurs de ce rapport, parmi lesquels les altermondialistes d'Attac, le collectif de gauche des Economistes atterrés et l'ONG de défense des consommateurs Foodwatch.
Une menace pour l'environnement, l'emploi et un «déni de démocratie»
Parmi les dispositions les plus vivement critiquées dans le traité figurent l'impact sur l'environnement et sur les emplois en Europe, mais surtout la façon dont le texte s'invite dans la sphère publique, sans consultation nationale. Un véritable «déni de démocratie» selon le porte-parole d'Attac, Dominique Plihon.
Lors d'une première conférence de presse en dehors des murs de l'Assemblée, le 20 septembre, juste avant la conférence officielle, les associations et les députés de La France insoumise (LFI) étaient réunis derrière le leader du parti Jean-Luc Mélenchon et ses collègues députés Clémentine Autain et Adrien Quatennens.
Clémentine Autain a notamment pointé du doigt la contradiction entre les précédentes déclarations d'Emmanuel Macron, qui avait déclaré que si le Ceta remettait en question l'Accord de Paris sur le climat, il demanderait que l'accord de libre-échange soit renégocié – ce qu'il n'a finalement pas fait.
Pour le député Adrien Quatennens, le procédé de ratification du CETA est tout simplement «antidémocratique». Le jeune élu s'inquiète en outre de l'arrivée de saumons transgéniques sur les étalages des supermarchés français, après l'entrée en vigueur de l'accord.
Adrien Quatennens a également interpellé le ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot. «Un des organismes qui est le plus en pointe dans la dénonciation du Ceta c'est la fondation Nicolas Hulot [...], mais le ministre d'Etat Nicolas Hulot est lui assez peu entendu sur le sujet».
Le 20 septembre au matin, l'organisation Attac avait mené une action devant le Sénat, déployant une banderole de 25 mètres pour dénoncer le traité que ses membres qualifient de «chèque en blanc aux multinationales».
L'essentiel du Ceta doit devenir effectif le 21 septembre, alors qu'il cristallise beaucoup d'inquiétudes des opposants au libre-échange, qui craignent notamment une concurrence accrue entre secteurs agricoles et un affaiblissement des normes sanitaires et environnementales.
L'accord concerne plus de 510 millions d'Européens et 35 millions de Canadiens. Ratifié par les Parlements européen et canadien, il deviendra définitif une fois voté par les 38 assemblées nationales et régionales d'Union européenne, ce qui prendra plusieurs années.
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