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Moscou outrée par le projet de tenue d’un Tribunal international sur MH-17 avant la fin de l’enquête

La Russie souligne qu’il est prématuré et contreproductif de soulever la question de l’organisation d’un tribunal pénal international sur la catastrophe du vol MH-17 dans l’est de l’Ukraine.

Le 13 juillet, les représentants de la diplomatie australienne, belge, néerlandaise, malaisienne et ukrainienne ont été reçus au ministère des Affaires étrangères russe pour annoncer leur position en faveur de l’organisation dans les plus brefs délais, d’un tribunal international sur le crash de l’avion MH-17 de Malaysia Airlines et de l’adoption d’une résolution appropriée par le Conseil de l’ONU. Cependant, la Russie estime qu’une telle décision «n’est pas un mécanisme adéquat à engager la responsabilité de ceux qui sont coupables» de ce terrible accident.

La diplomatie russe a appelé dans un communiqué publié le 14 juillet à revenir au respect de la résolution 2166, adoptée par le Conseil de l’ONU le 21 juillet 2014 à l’initiative de la Russie, qui prévoit la nécessité d’une enquête internationale impartiale et la condamnation des coupables en se basant sur ces résultats, et qui «reste le seul fondement valable pour la coopération internationale» concernant l’accident.

Cependant, Moscou note que, de facto, cette résolution n’a pas été respectée, vu que la partie ukrainienne n’a par exemple toujours pas présenté les enregistrements de ses activités militaires dans la région du crash ce jour-là, mesure pourtant prévue par le document. Les propositions de la Russie d’organiser l’enquête internationale de la façon la plus transparente possible et d’utiliser le Conseil de sécurité pour surveiller l’application de sa résolution ont été bloquées où ignorées, regrette le ministère dans son communiqué. Les experts russes n’ont pas pu coopérer avec les enquêteurs ni avoir accès aux matériels à disposition.

En outre, le Kremlin a souligné que le mécanisme même de création de tribunaux internationaux est très controversé et a fait objet de nombreuses critiques, les exemples précédents de telles institutions – comme par exemple, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie – permettent de douter de leur efficacité. De plus, aucun autre accident impliquant des avions civils abattus par des militaires, dont la catastrophe de l’avion de ligne A300 abattu par les Etats-Unis au-dessus du Golfe Persique ou le Tu-154 civil russe abattu par l’Ukraine au-dessus de la mer Noire, n’a pas provoqué la création d’un tel organe.

Dans ce contexte, le côté russe a exprimé son étonnement du fait que les pays susmentionnés se lancent tout d’un coup dans la mise en place d’un tribunal international, sans consulter les autres parties impliquées dans ce problème, ni attendre les résultats officiels de l’enquête. «La hâte dans la promotion de la résolution laisse supposer que certains états tentent de trouver un prétexte pour utiliser la tragédie de MH-17 pour faire pression sur la Russie», conclut le document.