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Le Secteur droit ukrainien : une armée indépendante ultra-nationaliste aux frontières de l’Europe

Alors que des affrontements violents opposent ce groupe armé d’extrême-droite et les forces gouvernementales à une cinquantaine de kilomètres des frontières de l’UE, RT France se penche sur les objectifs et les origines du Secteur droit.

C’est maintenant dans l’ouest de l’Ukraine que des heurts graves surviennent : samedi, des combats ont éclaté à Moukatchevo, près de la frontière avec la Hongrie et la Slovaquie, entre des militants du groupe ultra-nationaliste Secteur droit, la police et des entrepreneurs locaux, faisant trois morts, dont un civil. Alors que de violentes échauffourées continuent entre la Garde nationale ukrainienne mobilisée pour l’occasion et les militants, ces derniers mobilisant toutes ses divisions déployées à travers l’Ukraine, y compris dans la zone des combats du Donbass, afin de faire face aux soldats de Kiev.

Dans les faits, ce groupe de droite radicale hautement militarisé, qui se permet de poser un ultimatum au ministre de l’Intérieur ukrainien Arsène Avakov en réclamant sa démission, est né en 2013, en prévision du coup d’état en Ukraine, d’une alliance de plusieurs organisations nationalistes ukrainiennes de droite radicale. En janvier et février 2014, ses combattants ont participé aux affrontements les plus violents avec la police et à la prise des bâtiments administratifs lors du Maïdan à Kiev, ayant provoqué les ripostes agressives des forces officielles. Le but de ces provocations était de transformer un mouvement initialement pacifique en une «révolution nationale», selon le leader du mouvement Dmitri Yaroch.

En mars 2014, Secteur droit s’est mué en parti politique ultranationaliste, en conservant toutefois son aile militaire, qui est très bien équipée. En avril de la même année, le leader du parti Dimitri Yarosh, a annoncé la formation du bataillon spécial «Donbass» avec l’objectif de «mettre de l’ordre dans la région de Donetsk», sans demande ni autorisation de la part des pouvoirs officiels. Depuis lors, Secteur droit est également impliqué militairement dans la lutte contre la rébellion dans l’est de l’Ukraine, en semant le chaos, vu qu’il n’a pas reconnu les accords de paix conclus à Minsk et a déclaré ne pas les respecter. Malgré le cessez-le-feu qui a été instauré dans la zone du conflit, les combattants continuent d’attaquer les milices populaires de Donetsk.

Selon les données des organisations internationales pour la Défense des droits et des libertés, dont Amnesty International, les combattants du Secteur droit ont à leur actif plusieurs enlèvements, arrestations illégales, vols et assassinats de civils. En mai 2014, à Odessa, après une série de heurts violents entre les nationalistes et les partisans de la fédéralisation, les membres du Secteur droit et d'autres activistes radicaux, y compris des supporteurs de football, ont brûlé le camp de ces derniers sur une des places de la ville, pour ensuite mettre feu au bâtiment de la Maison des syndicats, alors que le bâtiment était toujours occupé. 46 personnes ont péri, 88 autres ont été hospitalisées après cet incident terrible où les victimes, bloquées à l’intérieur, ont brûlé vifs où chuté mortellement en essayant de fuir l’incendie.

Autre exemple de persécution ordinaire, des activistes ont jeté dans une benne à ordures un député du Conseil de la ville de Dnieprodzerjinsk pour ses liens supposés «avec des hommes politiques pro-russes».

En novembre 2014, la Cour suprême de Russie a reconnu l’organisation Secteur droit d’extrémiste et a interdit ses activités sur le territoire russe.

Ce groupement armé, qui n’est pas soumis à l’autorité officielle ukrainienne, n’est qu’un élément d’une série d’armées privées baptisées «bataillons de volontaires», qui, indépendantes du ministère de la Défense, regroupent des civils équipés aussi bien que l’armée régulière. Financées par les oligarques ukrainiens, dont Igor Kolomoïski, ces armées ont agi en dehors des intérêts des pouvoirs kiéviens, qui ont finalement réussi en avril 2015 à les faire passer officiellement sous contrôle du ministère de la Défense. Cependant, le Secteur droit a refusé de suivre leur exemple, son leader Dmitri Yaroch appelant même à la légalisation de ce type de bataillons armés privés.