En Birmanie, de nouvelles violences ont entraîné un exode de membres de la minorité musulmane : d'après les derniers chiffres communiqués le 1er septembre par l'ONU, 27 400 personnes sont arrivées au Bangladesh depuis la semaine dernière et 20 000 seraient bloquées à la frontière.
Situé sur la côte occidentale de la Birmanie, l'Etat Rakhine (aussi appelé Arakan) est historiquement le théâtre de frictions entre la communauté musulmane rohingya, marginalisée, et la majorité bouddhiste. La violence s'est accentuée ces derniers années et a engendré une grave crise humanitaire. En une semaine, les affrontements entre les autorités et des combattants rohingyas ont fait près de 400 morts, selon les déclarations de l'armée birmane.
La semaine dernière encore, des affrontements avaient fait 110 morts au moins et poussé plus de 20 000 Rohingyas à fuir la Birmanie pour chercher refuge au Bangladesh musulman voisin.
Jusqu'à encore récemment, il n'existait pas de lutte armée au sein de la communauté rohingya. Mais en octobre dernier, l'ASRA (Arakan Rohingya Salvation Army, appelée localement «Harakah al-Yaqin»), un groupe jusque-là inconnu, a lancé des assauts coordonnés contre des postes de police et fait replonger la région dans un énième cycle de violence.
L'émergence d'une rébellion organisée projette le conflit au Rakhine dans une nouvelle dimension, selon les experts. La Birmanie qualifie les rebelles de «terroristes bengalis» et les accuse de commettre des atrocités contre les populations civiles, aussi bien rohingyas que d'autres communautés.
L'ASRA affirme se battre pour défendre les Rohingyas contre les exactions des militaires birmans et de la communauté bouddhiste, qui selon elle cherchent à se débarrasser des Rohingyas dans cette région.
L'ONU considère que la campagne de répression de l'armée birmane au Rakhine pourrait s'assimiler à une épuration ethnique.
Considérés comme des étrangers au sein d'une Birmanie à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides, même si certains vivent dans ce pays depuis des générations.
Estimés à un million de membres, ils n'ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l'hostilité contre eux.
Si de plus en plus de jeunes Rohingyas semblent répondre à l'appel de l'ASRA, sa lutte fait débat dans les rangs de la communauté.
Plus de 400 000 réfugiés rohingyas se trouvent déjà au Bangladesh après avoir fui les vagues de violences précédentes. Le pays, qui ne veut plus en accueillir davantage, a fermé sa frontière.