RT en russe est parvenu à se procurer les appels d'offres lancés par la Commission europénne aux organismes qui aideront à la mise en place d'un projet qui a pour but de convaincre les populations de Serbie et du Kosovo des bienfaits d'une intégration à l'Union européenne.
L'exécutif européen est même prêt à débloquer un budget de 2 millions d'euros (1,37 million d'euros pour la Serbie et 900 000 euros au Kosovo) pour une campagne d'information et de sensibilisation. Selon l'appel d'offre, cette dernière se fera à travers des centres culturels et d'information de l'Union européenne, qui opèrent déjà dans les capitales des deux pays, Belgrade (Serbie) et Pristina (Kosovo).
«L'objectif du projet est d'élargir les connaissances de la population à propos de l'UE, ses objectifs, ses priorités, ses institutions, ses programmes et ses perspectives, ainsi que de dissiper les mythes et les fausses idées sur le processus d'adhésion à l'UE», explique le document de l'appel d'offre pour le Kosovo consulté par RT en russe.
Le projet prévoit une variété d'activités axées sur l'information et la communication : la publication d'articles dans les langues des deux pays sur internet et les réseaux sociaux, l'organisation d'événements publics de divertissement et de journées thématiques pour les citoyens, ainsi que la production de produits dérivés faisant la promotion de l'intégration européenne.
Le but ultime du projet est officiellement «d'accroître le soutien de la population au processus d'intégration européenne», à travers une campagne de sensibilisation qui devra être «accessible et réaliste». Pour la préparation de ces programmes, la Commission européenne recherche actuellement des candidats (personnes et entreprises) ayant une expérience pertinente dans le domaine de la communication et des relations publiques.
Selon le site internet officiel du centre culturel et d'information de l'UE au Kosovo, des centres multimédia seront mis à disposition des citoyens du pays qui souhaitent en apprendre davantage sur l'Union européenne.
Une manière camouflée de régler définitivement la question du statut du Kosovo ?
Interrogé par RT en russe, le politologue russe Vladimir Bruther estime qu'en finançant une telle campagne d'information, l'UE tente en réalité de résoudre un problème crucial, celui du statut du Kosovo. Depuis 2008, une trentaine de pays ne reconnaissent pas l'indépendance de cet Etat, dont la Serbie et la Russie pour qui le Kosovo reste partie intégrante de l'Etat serbe.
«L'Union européenne veut enfin résoudre la question du Kosovo et parrainer les personnes en Serbie qui sont en faveur d'une résolution finale du problème», a déclaré l'expert à RT.
La question de l'adhésion de la Serbie et du Kosovo à l'UE a été mise sur la table il y a déjà plusieurs années. En 2008, Belgrade et Bruxelles avaient signé un accord de coopération économique et politique de stabilisation. Le Kosovo a signé le même accord en 2015.
En juillet dernier, après avoir rencontré le président serbe Alexander Vucic, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait annoncé la principale condition à laquelle la Serbie pourrait devenir membre de l'UE : établir des relations officielles avec Pristina.
Selon les médias serbes, 47,7% des citoyens sont en faveur d'une adhésion de la Serbie à l'UE, tandis que 39% sont contre.
Selon la Constitution serbe, le territoire du Kosovo fait partie de la République de Serbie en tant que Province autonome du Kosovo-et-Métochie.
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