Dans un langage plus diplomatique que celui, fleuri, qui a été utilisé par Rodrigo Duterte, Paris a réagi le 30 août aux propos du président philippin qui avait traité de «fille de p*te», le 28 août, la Française Agnès Callamard, rapporteure spéciale sur les exécutions sommaires ou arbitraires de l'ONU. Cette dernière avait exprimé ses réserves sur Twitter au sujet du meurtre présumé par la police d'un adolescent de 17 ans dans le cadre de sa violente et controversée guerre antidrogue.
Le président philippin, coutumier des sorties ordurières en particulier à l'encontre de ceux qui critiquent sa campagne de répression, s'en est pris à elle personnellement.
«Fille de p*te, dites-lui ! Elle n'a pas intérêt à me faire peur, cette fille de p*te. C'est une idiote ! D’où elle vient, cette folle ?», a déclaré Rodrigo Duterte, selon l'AFP.
Sur Twitter, Agnès Callamard avait dénoncé un «meurtre» et réclamé une enquête, ajoutant que le décès du jeune garçon devait être «le dernier».
En apprenant qu'Agnès Callamard était française, Rodrigo Duterte a affirmé qu'en France les gens étaient présumés coupables jusqu'à preuve du contraire.
«Même chez elle, ça se passe comme ça. C'est une idiote. Chez eux, aux termes de la loi française, ils peuvent mettre quelqu'un en détention presque indéfiniment. Et la loi française dit qu'on est coupable et qu'on doit prouver son innocence. C'est comme ça que ça marche», s'est emporté le président philippin.
Paris met les points sur les i
Le 30 août, la diplomatie française a donc répondu, dans des termes plus cordiaux, aux propos du président philippin, soulignant au contraire l'importance du respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit.
«Nous devons souligner que, comme aux Philippines, la présomption d'innocence jusqu'à ce que la culpabilité soit établie est au cœur du système judiciaire français, fondé sur les principes inscrits dans la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789», peut-on lire dans le communiqué cité par l'AFP.
«La France est convaincue de l'importance de l'Etat de droit, de l'application de la loi et du respect des droits de l'Homme dans tous les pays, y compris les Philippines», ajoute la déclaration de la diplomatie française.
Avocat de formation, le président philippin de 72 ans a aisément remporté la présidentielle de 2016 en promettant d'éradiquer le problème de la drogue dans l'archipel, faisant éliminer des milliers de toxicomanes et de trafiquants présumés.
Depuis l'entrée en fonctions du président voici 14 mois, la police a annoncé avoir tué environ 3 500 personnes dans des opérations antidrogue.
Plus de 2 000 autres personnes accusées par la police d'être mêlées à des affaires de drogue ont été tuées par des inconnus, selon les chiffres officiels. Des milliers d'autres ont été abattues dans des circonstances non élucidées, victimes, selon les défenseurs des droits de l'homme, de miliciens.
Toutefois, face aux critiques le chef de l'Etat philippin ne semble éprouver aucun regret.