La vidéo d'une violente bousculade impliquant des dignitaires marocains – dont le ministre des Affaires étrangères – lors de la tenue d'un sommet Afrique-Japon, organisé le 24 août à Maputo, au Mozambique, provoque une vive polémique au Maroc.
Dans la vidéo, on voit des membres de la délégation marocaine refoulés de l'entrée du sommet par la sécurité. Le ministre des Affaires étrangères marocain est lui-même brutalement tiré en arrière par la veste de son costume devant les portes battantes sous les cris d'un membre de sa délégation qui lance en anglais : «S’il vous plaît, c’est le ministre des Affaires étrangères !»
La présence de représentants de la RASD a mis le feu aux poudres
Le pugilat a éclaté lorsque le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s'est indigné de la présence de représentants de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), une entité non reconnue par le royaume qui revendique l'indépendance du Sahara occidental, invitée par le pays hôte. Selon Rafael Ricardo, un journaliste mozambicain cité par Le Monde Afrique, des dignitaires marocains auraient commencé à frapper un représentant de la RASD, provocant l'intervention de la sécurité.
Le calme a finalement pu être rétabli après ce moment de confusion et le ministre a pu prendre place dans la salle principale du sommet, qui a commencé avec trois heures de retard... en présence des dignitaires sahraouis dont Mohamed Salem Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères de la RASD.
Indignation à Rabat
Les réactions d'indignation de la part du Maroc ne se sont pas fait attendre. «Les autorités mozambicaines ont voulu imposer dans cette réunion la présence de l’entité chimérique qui n’a pas été invitée par la partie japonaise», a rapporté l'agence de presse marocaine MAP citée par Le Monde. L'agence affirme aussi que le Japon se serait opposé à la venue de la délégation de la RASD.
De son côté, le Mozambique, qui reconnait la RASD depuis 1976, a critiqué dans un communiqué publié le 28 août par son ministère des Affaires étrangères, l'attitude du Maroc, «qui s'est arrogé le droit de contrôler les accès aux salles de conférence et a eu recours à la violence».
«Puisque le Maroc est membre de l’Union africaine, le Mozambique manifeste son étonnement et son aversion envers ce comportement dirigé contre un autre membre de l’organisation et une violation inacceptable des principes qui régissent les relations entre Etats», peut-on lire plus loin. La RASD, soutenue principalement par l'Algérie et ses alliés africains, est en effet membre de cette organisation depuis sa création en 2002 en remplacement de l'Organisation de l'unité africaine (OUA).
Le conflit entre le Maroc et le Front Polisario (force armée indépendantiste sahraouie pour le contrôle du Sahara occidental), s'est terminé par un cessez-le-feu en 1991. Le Maroc contrôle aujourd'hui 80% de la zone disputée, le reste étant administré par le Front Polisario. Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, a d'ailleurs affirmé que son pays ne reconnaîtra jamais la RASD.
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