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L'Ouest de l'Ukraine s'enflamme, les nationalistes refusent de déposer les armes

Le groupe ultra-nationaliste «Secteur Droit» a annoncé qu'il ne déposerait pas les armes sans ordres de leur leader, Dmitry Yarosh. Celui-ci a appelé à la poursuite des manifestations à Kiev et à la démission du ministre de l'Intérieur.

Le parti ultra-nationaliste «Secteur Droit» («Pravy Sektor»), d'inspiration néo-nazi, qui a pris part à des affrontements meurtriers avec la police, samedi 11 juillet, a annoncé ce dimanche que ses militants ne déposeraient pas les armes, sans que l'ordre ne vienne de leur leader. Celui-ci ne semble montrer aucune volonté d'appel au calme. L'émergence de ces nouvelles tensions se situe à l'ouest du pays, à la frontière avec l'Union Européenne.

Par mesure de sécurité, les civils ont été évacués des alentours de la ville de Mukachevo, dans l'ouest du pays. Les militants ultra-nationalistes s'y sont regroupés, alors que les unités spéciales de la Garde Nationale, ainsi que les forces d'intervention de la police et les agents des services secrets ukrainiens (SBU) ont sécurisé les lieux. Le SBU a annoncé que «pour empêcher un massacre, les services de sécurité et le ministère de l'intérieur ont demandé à ce groupe armé illégal de déposer les armes et de se rendre». Les autorités ont par ailleurs annoncé qu'elles feraient le nécessaire afin de désarmer et d’interpeller ce qu'elles appellent un «groupe de crime organisé».

Des négociations ont eu lieu, dans la nuit de samedi à dimanche, mais aucun point d'accord n'a pu être établi. En conséquence, le SBU a annoncé que «prenant en considération le danger pour les villageois de la zone dans laquelle les militants de 'Secteur Droit' se sont barricadés, l'évacuation des civils, surtout des enfants, est en cours». Les nationalistes, de leur côté, promettent de ne pas se rendre sans se battre. D'après Victoria Popovich, la porte-parole du procureur régional, ils sont en contact direct avec Dmitry Yarosh, le leader du parti. «Les gens en tenue de camouflage menacent de maintenir une résistance armée», a-t-elle expliqué à l'agence de presse UNIAN, précisant qu'une échéance de dépôt des armes avait été signifiée aux combattants.

Un conflit local et territorial

Les combats ont débuté localement, samedi 11 juillet, avant de prendre une tournure plus large. Dans l'après-midi du samedi, deux douzaines de combattants en tenue de camouflage et arborant les insignes de «Secteur Droit» avait ouvert le feu dans des cafés, avant de s'attaquer, à l'aide de kalachnikovs, de lanceurs de grenades RPG-7 et d'autres armes, aux forces de police venues intervenir. L'organisation a fait paraître un communiqué dans la soirée de samedi, annonçant la mort de deux de ses membres et affirmant que «l'ensemble des branches militaires et politiques du 'Secteur Droit' a été placé en état d'alerte». Des membres de l'organisation ont entrepris de se mobiliser devant des bâtiments administratifs de Kiev, Lvov et Dnipropetrovsk. Les nationalistes exigent la démission du ministre de l'intérieur, Arsen Avakov. 

En savoir plus : Secteur droit menace le pouvoir de Kiev après la mort de plusieurs de ses membres dans une fusillade

Les autorités ukrainiennes ont immédiatement réagi aux incidents de Moukatchevo, qualifiants les actions des ultra-nationalistes d'«acte de terrorisme». Pour le parti «Secteur Droit», c'est la police, ainsi que les autorités locales, notamment dans la région de Moukachevo, qui sont à l'origine des violences. Le conflit, qui a débuté dans cette région de l'est de l'Ukraine, avait pour point de départ une guerre intestine entre les factions de «Secteur Droit» dans la zone, et le député de la circonscription, Mikhail Lanyo. Il a pris une dimension nationale avec la mobilisation des membres de «Secteur Droit» dans les grandes villes du pays.

«Secteur Droit» une force gênante en Ukraine

Le parti «Secteur Droit» est une force politique importante en Ukraine. Ses militants avaient notamment été en première ligne lors de la révolte de Maïdan qui avait conduit, en 2013, à la chute du président Viktor Ianoukovitch. Depuis, le parti, qui comprend une branche politique et une branche militaire, a hérité d'une forte influence dans le pays. Il dispose aujourd'hui de 10 000 militants dans tous le pays.

Lors du départ des insurrections, menés par les rebelles russophones, à l'est de l'Ukraine, c'est de nouveau «Secteur Droit» qui était intervenu en premier. Ils étaient en première ligne lorsque les combats ont commencé et ils ont encore gagné en influence. Une montée en puissance qui inquiétait, au sein de l'UE. Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, notamment, avaient mis en garde l'Ukraine contre les dangers que pouvait représenter le parti pour le pays.