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L’Allemagne serait-elle vraiment prête à échanger la Grèce contre Porto Rico ?

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, qui est partisan de la ligne dure sur la dette grecque, a suggéré à son homologue américain d’échanger la Grèce contre Porto Rico qui connaît aussi une situation financière difficile.

«L’autre jour, j’ai proposé à mon ami Jack Lew de prendre Porto Rico dans la zone euro si les Etats-Unis sont prêts à accepter la Grèce dans le système du dollar», a fait savoir Wolfgang Schäuble, que l’on ne connaissait pas aussi taquin.

Car en effet, alors que les finances publiques grecques sont dans une grave crise financière depuis plusieurs années et qu’Athènes essaie de conclure un accord avec ses créanciers, à l’autre bout du monde, Porto-Rico n’est guère en meilleure posture.

Garcia Padilla, le gouverneur de Porto Rico a fait savoir fin juin que l’île ne serait pas en mesure de rembourser une dette de 73 milliards de dollars. Pire, aucune mesure d’économie ne semble avoir été prise pour essayer de remédier à cette situation qui pourrait avoir de graves répercussions sur les marchés financiers, surtout américains, compte de l’accord d’association qui unit les Etats-Unis à cette île parfois surnommée les 51ème Etat des Etats-Unis d’Amérique.

Le salaire des fonctionnaires de l’Etat portoricain est supérieur de 90% au salaire médian des habitants de l’île qui s’élève à 20 000 dollars par année. Le salaire minimum est de 1 159 dollars alors que les aides cumulées dont les habitants peuvent bénéficier atteignent 1 743 dollars. De plus, selon le journal américain The Wall Street Journal, des dizaines d’institutions étatiques sont en déficit depuis des années, un déficit que l’Etat portoricain a jusqu’à présent couvert en émettant des obligations.

A la différence de la Grèce, qui s’est engagé dans un programme d’austérité et qui doit rendre des comptes à l’Union européenne, Porto Rico est livrée à elle-même et ne semble pas avoir pris la correcte mesure de ce qui se passe. Le budget pour l’exercice qui a commencé le 1er juillet ne mentionne aucune baisse d’effectifs alors qu’en Grèce, près de 150 000 fonctionnaires ont été remerciés.