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De l'ombre à la lumière, les responsables d'agences de renseignement se font tirer le portrait

C'est un véritable «wall of shame» qu'a créé l'artiste italien Paolo Cirio en exposant les portraits des responsables des plus grandes agences mondiales de renseignement. Une façon de les sortir d'un anonymat jusqu'alors jalousement préservé.

Vous ne connaissiez peut-être pas James Comey, Avril Haines ou encore Michael Hayden, mais il se peut qu'eux vous connaissent. Derrière ces noms, se cachent en effet les dirigeants des agences de renseignement les plus actives et les plus opaques de la planète, NSA, FBI, MI6 et autre CIA.

James Comey en tant que chef du FBI, a appuyé une loi qui permet d'écouter les téléphones des citoyens. Avril Haines était directrice adjointe de la CIA quand l'agence s'est engagée dans les nombreuses actions qu'Edward Snowden a révélées. Michael Hayden a dirigé la NSA quand il a créé un programme de collecte de données.

Des hommes et femmes de l'ombre que l'Italien Paolo Cirio, qui se présente comme un artiste conceptuel digital, a pourtant décidé d'exposer en pleine lumière à travers des portraits d'eux, exposés sur les murs de villes du monde entier. 

Cette galerie de portraits d'espions, barbouzes et autres agents secrets se sont retrouvés à des endroits où l'on aurait pu s'attendre à voir plutôt des vedettes de télévision. Un quart d'heure de célébrité tout warholien dont ces personnes se seraient sans doute volontiers passé. 

Toutes ont été les architectes ou les gardiens du vaste appareil de surveillance qu'Edward Snowden a dévoilé. Si ce dernier a été contraint à l'exil, les responsables de cette espionnite aigüe sont pourtant toujours en poste.

Paolo Cirio explique sa démarche par deux motivations principales: d'abord ces portraits sont le moyen pour lui  d'«exposer» à l'opprobre mondiale ces personnes en leur refusant l'anonymat que les agences aiment à cultiver pour elles mais qu'elles violent impunément pour les autres. Ensuite, dans une pirouette artistique, l'artiste a voulu sortir de l'ombre confortable ces espions pour les amener «vers la lumière du cirque artistique». 

Ironie de l'histoire, l'artiste a travaillé à partir de photos personnelles, parfois strictement privées, qu'il a très facilement trouvées sur les médias sociaux ou dans les documents publics. L'artiste illustre ainsi avec éclat qu'en dépit de leur poste, ces personnes sont aussi vulnérables numériquement et aussi surexposées que n'importe qui.

Paolo Cirio n'en est pas là à son premier coup d'essai. Il avait ainsi volé 1 million de profils Facebook puis les avait republiés sur un site de rencontres. Il a égalemment mis à disposition gratuitement des livres numériques siphonnés sur Amazon. Mais son fait d'«art» le plus connu est d'avoir publié une liste de sociétés enregistrées aux îles Caïmans. Que ce soit la finance offshore ou les mastodontes qui contrôlent Internet, le point commun de tous ces actes a été de s’attaquer aux pouvoirs de l’ombre.