La Commission européenne a décidé d'étendre les sanctions contre Moscou le 4 août. Trois ressortissants et trois entreprises russes accusés d'avoir livré des turbines à gaz Siemens en Crimée ont été placés sur liste noire.
Celle-ci comprend Andreï Tcherezov, le ministre russe adjoint de l'Energie, et Evgueni Grabtchak, le chef du département russe de contrôle et de gestion de l'industrie et de l'électricité. Ils rejoignent donc les personnes interdites de déplacement dans l'Union européenne et dont les fonds sur son territoire sont gelés.
En effet, les entreprises occidentales ne sont pas autorisées à mener des affaires en Crimée, la péninsule étant soumise aux sanctions de l'UE et des États-Unis prononcées à la suite du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie de mars 2014.
Or, en juillet dernier, Siemens a indiqué que quatre de ses turbines à gaz conçues pour un projet énergétique à Taman (péninsule située sur le Territoire de Krasnodar, en Russie, non loin de la Crimée), avaient été livrées «illégalement» en Crimée par un entrepreneur russe.
L'entreprise allemande a affirmé avoir l'intention de mettre fin aux accords de licence avec les entreprises russes fournissant des équipements pour les centrales électriques et de suspendre ses livraisons liées à ses contrats avec des entreprises publiques russes. La société Siemens a déclaré qu'elle perdrait jusqu'à 200 millions de dollars sur son chiffre d'affaires russe de 1,2 milliard de dollars.
Moscou condamne des sanctions «hostiles» et «infondées»
Le ministère russe des Affaires étrangères n'a pas tardé à réagir dans un communiqué publié le jour-même de l'annonce des nouvelles sanctions, décrivant une mesure «prise à l'initiative de Berlin [...] hostile et infondée».
«La décision de Bruxelles d'inclure dans la liste des sanctions de l'UE plusieurs responsables politiques et entreprises russes, en guise de mesure de rétorsion à la soi-disant "illégitime" livraison à la Crimée de turbines de gaz du groupe Siemens est profondément regrettable», a poursuivi le ministère dans un communiqué.
«Nous rejetons avec fermeté les tentatives de s'en servir comme d'un exemple de la mauvaise foi des compagnies russes», pouvait-on lire plus loin. Le ministère des Affaires étrangères russe estime en outre que ces nouvelles sanctions sont «contraires à la fois au droit international et au principe général des relations internationales.»
Les États-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions contre la Crimée après que la région à majorité russophone a voté pour se séparer de l'Ukraine et rejoindre la Russie lors du référendum de 2014. Ces restrictions obligent toutes les entreprises occidentales à quitter la péninsule de Crimée.
Après le rattachement à la Russie, la Crimée a fait face à d'importants problèmes d'électricité car le réseau électrique était en grande majorité alimenté par l'Ukraine. En novembre 2015, l'état d'urgence a été décrété dans la péninsule après l'explosion de quatre lignes électriques ukrainiennes fournissant de l'électricité à la région qui avait provoqué une panne d'électricité totale en Crimée et l'avait plongée dans le noir.
La situation a fini par être résolue avec l'installation d'un câble de transmission posé dans le détroit de Kerch qui sépare la Crimée de la Russie continentale.
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