Le 30 juillet, un tribunal militaire israélien a rejeté l'appel du soldat franco-israélien Elor Azaria et confirmé sa condamnation à 18 mois de prison pour avoir achevé au sol, un Palestinien blessé. La cour a également rejeté l'appel des procureurs de l'armée qui souhaitaient augmenter sa peine au titre d'un homicide volontaire.
«Les soldats ne doivent pas régler leurs comptes avec les terroristes une fois qu'ils ne sont plus en danger, c'est le rôle du système judiciaire», a estimé le président du tribunal, le major général Doron Piles.
«L'accusé n'a pas endossé la responsabilité de ses actions et n'a pas exprimé une once de doute ou de réflexion. L'appel de la peine a donc été rejeté par tous les juges», a-t-il ajouté.
Peu après l'annonce du rejet de l'appel, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a répété qu'il était favorable à la grâce du soldat, comme il l'avait déjà dit avant et après sa condamnation en première instance.
«Lorsque le sujet sera discuté concrètement, je donnerai ma recommandation aux autorités compétentes», a fait savoir le chef de l'exécutif israélien sur son compte Twitter.
Membre d'une unité paramédicale, Elor Azaria avait été filmé le 24 mars 2016 par un militant propalestinien alors qu'il tirait une balle dans la tête d'un Palestinien à Hébron, en Cisjordanie occupée.
Ce dernier, Abdel Fattah al-Charif, venait d'attaquer des soldats au couteau. Atteint par balles, il gisait au sol, apparemment hors d'état de nuire.
Le soldat avait été condamné en février à 18 mois de prison ferme au terme d'un procès très médiatisé et qui avait profondément divisé les Israéliens. Les procureurs militaires avaient fait appel, jugeant «trop indulgente» cette peine.
Le 30 juillet, il s'est présenté décontracté devant le tribunal militaire de Tel-Aviv, embrassant les nombreux membres de sa famille présents dans la salle d'audience.
«Circonstances difficiles»
Elor Azaria, qui a terminé son service militaire obligatoire de trois ans et était consigné sur sa base en attendant la décision de la cour d'appel, dispose de plusieurs voies de recours.
Son avocat Yoram Sheftel a annoncé que les juges lui avaient donné jusqu'au 9 août pour faire appel devant la Cour suprême.
«Je vais commencer à préparer une demande d'appel auprès de la Cour suprême, que je devrais déposer d'ici dix jours et je la déposerai probablement un jour ou deux avant la date limite», a-t-il déclaré à l'AFP.
Le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, a cependant déconseillé de recourir contre cette décision, car selon la plupart des commentateurs, la Cour suprême ne devrait même pas accepter d'examiner l'appel.
«Je demande à la famille Azaria de mettre fin à cette affaire aussi vite que possible pour le bien d'Elor, de sa famille et du peuple d'Israël», a déclaré Avigdor Lieberman dans un communiqué.
«Il est temps de faire une demande de grâce au chef d'état-major. Je n'ai aucun doute quant au fait que ce dernier prendra en compte les circonstances difficiles, la douleur endurée par la famille et le fait qu'il s'agit d'un soldat exceptionnel, en détention sur sa base depuis un an et demi», a-t-il ajouté.
Le chef d'état-major, Gadi Eisenkot, a indiqué dans un communiqué qu'il considérerait une éventuelle demande d'allègement de peine «avec sérieux et en prenant en compte toutes considérations relatives au sujet».
Elor Azaria peut également faire une demande de grâce auprès du président israélien Reuven Rivlin. Une source proche de la présidence a affirmé qu'aucune demande n'avait pour le moment été déposée.
«Territoire hostile»
Lors du procès en première instance, Maya Heller, présidente du tribunal, avait estimé qu'Elor Azaria avait bel et bien tiré pour tuer, alors que le Palestinien ne constituait pas une menace. Elle avait en outre retenu le fait que le soldat n'avait exprimé aucun remords.
Elle lui avait cependant reconnu des circonstances atténuantes, évoquant le «territoire hostile» sur lequel s'étaient produits les faits et «l'épreuve subie par sa famille».
Le jugement avait déçu les défenseurs des droits de l'homme, Amnesty International déclarant que les juges avaient délivré «un signal dangereux indiquant que les auteurs d'actes graves contre les Palestiniens [étaient] protégés par le système».
Le procès a dressé ceux qui défendent le respect nécessaire de valeurs éthiques par l'armée israélienne contre les tenants d'un soutien sans faille aux soldats confrontés à des attaques palestiniennes.