Le président Michel Temer a signé un décret autorisant le déploiement des forces armées dans l'Etat de Rio de Janeiro pour lutter contre le crime organisé. En début de soirée, le 28 juillet, des véhicules blindés de transport de troupes et des dizaines de militaires ont commencé à se répartir dans le centre de Rio, à l'aéroport Santos Dumont et près de la plage de Botafogo, selon des journalistes de l'AFP. Quelque 8 500 militaires ont été mobilisés pour participer à une force comprenant un total de 10 000 hommes, chargés de renforcer la sécurité à Rio de Janeiro
«Cette décision a été prise pour défendre l'intégrité de la population, préserver l'ordre public et garantir le fonctionnement des institutions», a expliqué le président Temer dans une vidéo sur les réseaux sociaux, évoquant une «situation qui angoisse tous les Brésiliens».
«Nous allons atteindre le crime organisé et ses chaînes de commandement», a déclaré pour sa part le ministre de la Défense, Raul Jungmann, lors d'une conférence de presse sur une base militaire de Rio. Le ministre a précisé que dans le cadre de cette opération, la présence «ostensible» de l'armée dans les rues de la métropole n'était pas prévue, mais que les troupes se concentreraient sur le renseignement, des «actions surprises» et «la participation de la société» dans la zone métropolitaine de l'Etat de Rio. «Rio a besoin d'un pacte pour la sécurité et pour la paix», a ajouté le ministre.
A Rio, cette mobilisation restera effective jusqu'à la fin 2018, c'est-à-dire à l'expiration du mandat du président Temer, selon le ministre de la Défense. Elle intervient alors que Michel Temer est sous la menace d'un vote de la Chambre des députés, le 2 août, en vertu duquel il pourrait être traduit devant la Cour suprême pour corruption.
Le président de la Chambre des députés, Rodrogo Maia, avait récemment tiré la sonnette d'alarme en déclarant que les autorités avaient totalement perdu le contrôle de la sécurité publique à Rio face à la montée de la criminalité.
Exaspérés par la violence
Un an après avoir accueilli les Jeux olympiques, Rio est en effet en proie à une flambée de violence, avec une moyenne quotidienne effrayante de trois personnes blessées par des balles perdues, notamment lors de fusillades entre policiers et narcotrafiquants de plus en plus lourdement armés. Ces tirs font en moyenne un mort tous les trois jours, essentiellement dans les favelas où habite près d'un quart des 6,5 millions de Cariocas.
Par ailleurs 91 membres des forces de l'ordre ont été tués depuis le début de l'année dans ces violences à Rio. Une hécatombe qui avait poussé les proches de policiers à manifester le week-end dernier dans les rues du quartier de Copacabana.
Depuis le début de l'année scolaire, seuls sept jours de cours sur 120 ont pu se dérouler sans qu'au moins un établissement de Rio ne soit fermé à cause de problèmes de violence.
Le sentiment d'insécurité qui règne dans la «Ville merveilleuse» est exacerbé par la crise financière dramatique que connaît l'Etat de Rio. Ce dernier n'est plus en mesure de payer à temps les salaires de nombreux fonctionnaires, y compris des policiers, une situation qui aggrave encore la corruption.
A la fin juin, une centaine d'hommes de la police militaire avaient été arrêtés pour leur implication dans des trafics de drogue avec des gangs.
«Nous réitérons la formule des Jeux olympiques en 2016, qui a eu tant de succès», a expliqué le ministre de la Défense.
Le déploiement massif des forces de sécurité pendant les Jeux en avait assuré le succès sur le plan sécuritaire, mais après leur retrait la criminalité est remontée en flèche. En août et septembre 2016, 85 000 militaires et policiers avaient été mobilisés dans la ville pour les Jeux olympiques et paralympiques, soit le double des effectifs mobilisés à Londres pour les Jeux de 2012.
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