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«Tout va s'écrouler» : les tribunaux allemands submergés par les réclamations des demandeurs d'asile

Selon un juge allemand de haut rang, le nombre de contestations des décisions des services d'immigration par les candidats à l'asile, devant les tribunaux, conduit ce système «au bord du précipice».

La vague de plaintes déposées par les demandeurs d'asile pour s'opposer aux décisions des services d'immigration est en train d'engloutir les tribunaux civils allemands, selon Robert Seegmuller, président de l'Association des juges administratifs allemands, qui s'est adressé à la maison d'édition Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND).

Nous sommes proches de dépasser nos limites

«La situation est dramatique pour les tribunaux administratifs. [...] Nous sommes proches de dépasser nos limites» a-t-il expliqué.

Le juge se plaint depuis le printemps du nombre de contestations des verdicts du Bureau fédéral pour l'immigration et les réfugiés (BAMF). Des milliers de candidats à l'asile se sont opposés aux décisions qu'a prises le BAMF à leur égard, incluant des ordres de renvoi vers des pays potentiellement dangereux tels que l'Afghanistan. 

Selon les estimations de RND, approximativement 250 000 dossiers concernant des demandeurs d'asile  attendent d'être examinés par les tribunaux.

«Le système des tribunaux administratifs ne peut plus supporter un tel nombre dans le long terme. Un moment va arriver où tout va s'écrouler» a averti Robert Seegmuller.

Celui-ci a expliqué qu'avec un si grand nombre de dossiers, le système judiciaire allemand se retrouvait en manque de juges et d'autres membres du personnel judiciaire, d'espace ainsi que de capacités informatiques. Le magistrat a aussi fustigé les mauvaises décisions des services d'immigration, sans rentrer dans les détails, qui viennent selon lui s'ajouter aux maux des tribunaux administratifs. 

Cette situation est rendue d'autant plus explosive par l'arrestation en avril et en mai derniers d'un groupe de soldats allemands qui avaient planifié l'assassinat d'hommes politiques de gauche, afin de les maquiller pour que des migrants soient accusés à leur place.

L'un des suspects était parvenu à obtenir une seconde identité en tant que réfugié syrien, provoquant le nouvel examen des cas de 100 000 demandeurs d'asile, ce qui avait créé un délai encore plus important selon le ministère allemand de l'Intérieur.