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Balkans : «Si vous mourez ici, personne ne s’en souciera» est la rengaine qu’entendent les migrants

Des milliers de réfugiés et des migrants espérant atteindre l’Union européenne (UE) font face à des violences policières croissantes dans plusieurs pays des Balkans, rapporte l’organisation non gouvernementale Amnesty International.

Mardi 7 juillet, l’organisation de protection des droits de l’homme Amnesty International a publié un rapport qui met en relief la violence qui subissent les migrants de la part des forces de l’ordre qui sont censées les aider et la situation juridique incertaine dans laquelle ils se retrouvent en arrivant dans les Balkans. Cette étude est basée sur plus d’une centaines de témoignages directs de réfugiés en Serbie, en Hongrie, en Grèce et en Macédoine.

«J’ai vu des hommes se faire frapper violemment. Mon fils de 13 ans a reçu des coups et moi aussi», a raconté un réfugié afghan à l’organisation, alors que le groupe de migrants dans lequel il se trouvait avait été renvoyé sommairement par la police macédonienne. Selon le témoignage d’un réfugié, même «une femme enceinte de cinq mois [avait] été maltraitée».

Dans une situation juridique et humanitaire vulnérable, les réfugiés font souvent l’objet d’un traitement arbitraire par les policiers, qui leurs réclament des pots-de-vin afin de ne pas les renvoyer (témoignage d’un migrant près de la frontière hongroise) et les arrêtent illégalement. Le nombre de ceux qui ont été arrêtés à la frontière de l’UE entre la Hongrie et la Serbie a augmenté dans des proportions exceptionnelles en 5 ans seulement, avec une hausse de quelque 2 500% pour atteindre plus de 60 000 personnes.

Plusieurs témoins, y compris des femmes enceintes et des mineurs, ont avoué avoir été détenus pendant de longues périodes dans un Centre d’accueil des étrangers en Macédoine «sans aucune garantie juridique ni possibilité de demander l’asile», «dans des conditions inhumaines et dégradantes», lit-on dans le rapport d’Amnesty International. L’un d’eux a raconté que lorsque des réfugiés syriens ont menacé de faire une grève de la faim, un policier leur aurait répondu : «Si vous mourez ici, personne ne se souciera de savoir ce que vous êtes devenus. Nous jetterons vos cadavres dehors».

Le rapport dénonce des systèmes d’asile défaillants, le traitement lent des demandes d’asiles dont seulement un petit nombre est accepté et les failles des politiques migratoires de l’UE, qui ont «placé une pression insupportable sur les pays qui constituent sa frontière extérieure, ainsi que sur les pays voisins».

L’Europe fait actuellement face à un afflux de migrants, dont un grand nombre a traversé la Méditerranée en provenance des pays du nord de l’Afrique qui connaît de nombreux conflits. Entretemps, la situation désastreuse en Afghanistan et en Syrie a abouti à un nouvel exode de réfugiés qui utilisent la «route des Balkans» pour atteindre les pays du nord de l’Europe.

Ce problème a atteint une telle ampleur que la Hongrie, le premier pays de l’UE sur le chemin de ces réfugiés, a décidé d’ériger d’une clôture de 4 mètres de haut sur les 175 km de frontière commune avec la Serbie. «Une réponse commune de l’UE à ce défi prend trop de temps et la Hongrie ne peut plus attendre. Elle doit agir», a déclaré à cette occasion le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

La Hongrie n’est d’ailleurs pas le premier pays à avoir eu cette idée. La Grande-Bretagne a elle aussi l’intention de participer financière à la construction d’un mur près de la ville portuaire française de Calais, afin de maîtriser le flux des migrants qui essaient de gagner l’île par tous les moyens. En Europe de l’est, la Bulgarie a érigé une clôture le long de sa frontière avec la Turquie, pour mettre un terme à l’arrivée de réfugiés syriens.

Cependant, la politique mise en place par l’UE afin de tenter de diminuer le nombre des migrants ne contribue pas véritablement à résoudre ce problème, estime Glyn Ford, ancien membre du Parlement européen. «La meilleure façon de prévenir l’afflux des migrants et d’améliorer leur vie chez eux», a-t-il confié à RT.