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WikiLeaks : les Etats-Unis espionnent les chanceliers allemands depuis plus de dix ans

Le site a publié trois rapports de la NSA montrant que les Etats-Unis connaissaient les plans d’Angela Merkel sur la façon de répondre à la crise financière internationale et ses positions privées sur les engagements de Barack Obama face à l’Iran.

L’actuelle chancelière allemande n’est pas l’unique cible des espions américains car ses prédécesseurs, Gerhard Schröder et Helmut Kohl, ont eux aussi été espionnés. Une situation qui est très similaire aux révélations de WikiLeaks sur les écoutes américaines en France qui ont mis en évidence que les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient eux aussi été l’objet d’écoutes américaines.

Selon WikiLeaks, la NSA a écouté 125 téléphones de hauts responsables allemands pour des raisons politiques et économiques. Parmi ces officiels figurent des fonctionnaires du gouvernement qui étaient en charge de la diplomatie extérieure, de l’économie, des finances, du renseignement allemand, le BND, et de la défense.

Le premier des trois rapports diffusés par le site comporte les positions d’Angela Merkel de 2009 sur la crise financière internationale qu’elle a exprimée en février 2009. Elle s’inquiétait de l’approche qu’avait la Réserve fédérale américaine de la crise des dettes souveraines. Elle voulait que des banques partagent la responsabilité des actifs toxiques et pas seulement l’Allemagne. Parmi d’autres recommandations d’Angela Merkel figurait un réforme du FMI visant à donner davantage d’influence et des responsabilités à des pays comme la Chine.

Le deuxième se base sur l’interception de communications entre Angela Merkel et le prince héritier des Emirats arabes unis Mohammed ben Zayed Al Nahyane. Ils se sont rencontrés en 2009 lors de la visite officielle du prince héritier en Allemagne. La NSA a intercepté leurs positions sur les engagements de Barack Obama face à l’Iran et sur la réaction de Téhéran au message vidéo du président américain qui s’était adressé en ligne à la population iranienne.

Quant au troisième rapport, il se fonde sur les communications entre la chancelière allemande Angela Merkel et ses deux conseillers Helge Hassold et Albrecht Morgenstern en août 2011 concernant le Fonds européen de stabilité financière.

Le parquet allemand a procédé à une enquête en juin 2014 sur les écoutes de la chancelière par la NSA, mais le 12 juin 2015, la justice allemande a déclaré qu’elle n’avait pas trouvé de preuves suffisantes. «Les accusations ne peuvent pas être prouvées légalement dans le cadre du droit pénal», a notamment déclaré le parquet de Karlsruhe.

«Maintenant il y a assez de preuves de la surveillance de la NSA sur le territoire allemand. Il est temps de rouvrir l’enquête et, pour la NSA, d’arrêter ses activités illégales contre l’Allemagne», a écrit Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, dans un communiqué.