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«Pris dans une bataille géopolitique» : les Etats-Unis renoncent aux produits de Kaspersky Lab

Washington a supprimé la société de cyber-sécurité russe Kaspersky de sa liste des fournisseurs du gouvernement, arguant avoir besoin d'«assurer l’intégrité et la sécurité» de ses systèmes. La société estime avoir été victime de jeux politiques.

La General Services Administration (GSA) des Etats-Unis a retiré la mondialement célèbre société russe Karpersky Lab, spécialisée dans la sécurité des systèmes informatiques, des deux listes de fournisseurs du gouvernement américain. Ces listes concernent les services informatiques et le matériel photographique numérique, selon le communiqué d’une porte-parole de la GSA cité par l’agence Reuters.

Sans accuser explicitement la société d'un quelconque méfait, la porte-parole a souligné que la priorité de la GSA était d’«assurer l’intégrité et la sécurité des systèmes et réseaux du gouvernement des Etats-Unis».

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«Des liens étroits» avec le FSB ?

Cette mesure a été prise moins de vingt-quatre heures après la publication, par le magazine Bloomberg, d’un article accusant Kaspersky Lab d’avoir des liens étroits avec les services de sécurité russes. Les auteurs de l’article, intitulé «Kaspersky Lab travaille avec le renseignement russe», prétendent avoir eu accès à des emails internes à l'entreprise, qui montreraient clairement que Kaspersky Lab «maintient une relation professionnelle avec le FSB» qui serait «beaucoup plus proche que publiquement assuré».

D’après l’article, la société aurait participé au développement de produits informatiques «au profit de l’agence d’espionnage» et serait impliquée dans des projets communs au FSB qui, d’après un email qui aurait été envoyé par le PDG de la société Eugene Kaspersky, seraient trop «embarrassants» pour être rendus publics.

Karpersky, qui avait déjà nié tout lien présumé avec le Kremlin, a dénoncé cet article. «Il s'agit là d'allégations, d'interprétations erronées, et de fausses informations. Cet article est de la m*rde aux visées politiques», a affirmé Kaspersky sur Twitter, soulignant que, contrairement à ce que disait ce texte, la société n’avait «jamais confirmé l’authenticité des emails».

Dans un échange tendu sur Twitter, alors que le PDG réclamait aux journalistes de rendre publics les supposés emails utilisés pour leur article, ces derniers ont refusé de les fournir, lui proposant de les chercher «sur ses propres serveurs»,

Kaspersky Lab a également publié un communiqué, insistant sur le fait que les emails, utilisés par les auteurs de l’article et dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée, auraient pu être «mal interprétés ou manipulés pour correspondre à la tonalité du média». La société a souligné qu’elle n’avait jamais lancé d'attaques DDoS au profit du gouvernement russe, comme l’affirme Bloomberg, et a rappelé qu’elle travaillait conjointement avec plusieurs gouvernements, y compris européens, pour lutter contre hackers et virus partout dans le monde afin de préserver la sécurité de ses clients.

Dans son communiqué, Kaspersky Lab réitère n'entretenir de «liens inappropriés avec aucun gouvernement», et se déclare victime de batailles géopolitiques. La société «s'est retrouvée au milieu d'une lutte politique, ou chaque camp tente d’utiliser l’entreprise comme un pion», selon le texte.

La GSA n’interdit pas aux institutions du gouvernement américain d'utiliser les produits Kaspersky, mais fait en sorte qu'ils ne soient pas accessibles en passant par elle. Néanmoins, selon les informations de la presse américaine une interdiction d’utilisation des produits Kaspersky pour toutes les agences gouvernementales américaines pourrait être instaurée.