«Je confirme que le ministre [autrichien] des Affaires étrangères Sebastian Kurz a fait interdire le ministre turc de l’Economie d’entrée dans le pays» a annoncé le 10 juillet un porte-parole du ministère autrichien des Affaires étrangères, cité par Reuters. Cette décision a été justifiée par la crainte que la venue de Nihat Zeybekci ne représente «un danger pour l’ordre public et la sécurité en Autriche», l’événement prévu étant «très important».
Le ministère turc de l’Economie a réfuté, toujours selon Reuters, expliquant que Zeybekci n’aurait pas pu se voir refuser l’entrée en Autriche… puisqu’il n’avait jamais cherché à y entrer
Cet épisode est le dernier d’une série de querelles diplomatiques entre les deux pays.
En décembre dernier, Sebastian Kurz annonçait que l’Autriche bloquerait toute négociation relative à une accession turque à l’Union européenne. En mai, c’était la Turquie qui avait opposé son veto à la tentative autrichienne d’intégrer l’OTAN. L’Autriche a aussi reproché à plusieurs reprises à l'Etat turc son non-respect des droits de l’Homme.
Le président Erdogan s’était plaint la semaine précédente de ne pas avoir été autorisé à s’adresser aux Turcs d’Allemagne durant sa visite à Hambourg au sommet du G20, déclarant au journal allemand Die Zeit que l’Allemagne commettait un «acte suicidaire».
Le 7 juillet, les Pays-Bas avaient affirmés que le vice-Premier ministre turc Tugrul Turkes n’était pas davantage le bienvenu sur le territoire pour assister à un autre rassemblement du même type, un an après la tentative de coup d’Etat.
Cette dispute fait écho à celles qui ont eu lieu entre la Turquie et plusieurs pays membres de l’UE comprenant d’importantes populations turques durant la campagne du référendum d’avril, qui a élargi les pouvoirs du président dans le pays à majorité musulmane.
Le refus de l'Allemagne et des Pays-Bas de voir s'organiser sur leur sol des meetings en faveur du oui au référendum face à la diaspora turque avaient suscité la colère du président Recep Tayyip Erdogan, qui était allé jusqu'à dénoncer les «pratiques nazies » de la chancelière allemande Angela Merkel.
En mai, alors que l'homme fort d'Ankara s'était dit prêt à organiser un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, Berlin et plusieurs capitales européennes s'étaient opposées à la tenue sur leurs territoires d'une nouvelle campagne référendaire turque.
Recep Tayyip Erdogan est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, notamment depuis le putsch avorté de juillet, suivi de l'arrestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux journalistes critiques.