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L'OMS tire la sonnette d'alarme : la «chaude-pisse» pourrait devenir incurable

La gonorrhée, maladie des maisons closes du XIXe siècle, sera-t-elle un jour impossible à soigner ? Elle deviendrait «plus difficile, voire parfois impossible» à traiter à cause de la résistance des bactéries aux antibiotiques, a prévenu l'OMS.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé le 7 juillet un appel pour souligner le besoin de nouveaux médicaments pour traiter la gonorrhée, terme médical désignant la «chaude-pisse». 

«La bactérie responsable de la gonorrhée est particulièrement intelligente. A chaque fois que nous utilisons une nouvelle classe d'antibiotiques pour traiter l'infection, la bactérie évolue pour y résister», explique le docteur Teodora Wi dans un communiqué de l'OMS.

En se basant sur les données de 77 pays, l'OMS met en garde contre une «résistance répandue aux anciens antibiotiques qui sont également les moins coûteux».

«Certains pays, en particulier les pays à revenu élevé, où la surveillance est la plus efficace, détectent des cas d'infection qu'aucun antibiotique connu ne peut traiter», assure même l'instance basée à Genève.

78 millions de personnes sont atteintes de gonorrhée chaque année, selon des estimations citées par l'OMS. 35,2 millions vivent dans la région du Pacifique occidental (Australie, îles du Pacifique, Chine, Japon...), 11,4 dans la région Asie du sud-est, 11,4 dans la région Afrique, 11 dans la région Amériques, 4,7 dans la région Europe et 4,5 dans la région Méditerranée orientale. 

Une maladie pas assez rentable pour les laboratoires ?

La gonorrhée, également appelée blennorragie, est une infection due à une bactérie qui peut toucher les organes génitaux, le rectum et la gorge. Elle se transmet lors de rapports non protégés par voie orale, anale ou vaginale.

Selon l'OMS, «la baisse de l'utilisation des préservatifs, les voyages accrus, les faibles taux de dépistage de l'infection ainsi que le traitement inadapté» contribuent à une augmentation des cas.

«Les complications touchent de façon disproportionnée les femmes qui encourent notamment un risque de maladie inflammatoire pelvienne, de grossesse extra-utérine et de stérilité, ainsi qu'un risque accru d'infection par le VIH», souligne l'OMS. Or, seuls trois nouveaux médicaments sont actuellement à l'étude. «La mise au point de nouveaux antibiotiques n'est pas très attrayante pour les laboratoires pharmaceutiques» au vu de la faible durée des traitements, déplore l'OMS.

Un partenariat a été mis sur pied entre l'OMS et l'Initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi), une organisation indépendante, pour tenter de mettre au point de nouveaux antibiotiques.

L'OMS insiste sur l'importance de la prévention, via «des comportements sexuels plus sûrs, en particulier l'usage correct et régulier du préservatif».

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