La police de Lübeck, dans le Land de Schleswig-Holstein, à la frontière dano-allemande, tire la sonnette d'alarme face à la recrudescence du trafic de drogues et de violences qui y sont liées. Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui tenteraient en effet de s'implanter dans le marché local de la drogue.
Le Schleswig-Holsteinischer Zeitung note que le nombre de rixes de rue à Lübeck a explosé depuis moins de deux mois : cette cité médiévale de 200 000 habitants a été le théâtre de pas moins de douze affrontements depuis début mai, impliquant parfois jusqu'à vingt individus. Plusieurs personnes ont été blessées par des coups de couteaux lors de ces combats. Stefan Muhtz, porte-parole de la direction de la police municipale, commente : «Nous savons avec certitude que certaines de ces violences ont un lien avec le milieu de la drogue.» Les témoins rapportent que les individus impliqués sont souvent des migrants nord-africains ou venus du Moyen-Orient.
Les policiers lübeckois constatent en effet que les migrants sont de plus en plus nombreux à fréquenter les lieux de vente, notamment «autour de la porte de Holstein et de la gare routière», explique Stefan Muhtz. «La consommation de drogues dures et le trafic sont en pleine croissance», ajoute-t-il, confirmant ainsi la tendance nationale – plus de 1 300 personnes sont mortes de leur consommation de drogues en 2016, soit 9% de plus que l'année précédente. Ces phénomènes ont également été observés dans d'autres villes de la région, comme Kiel.
A quelques kilomètres de là, à Ostholstein, une quinzaine d'individus se sont récemment affrontés au moyen de matraques, de poignards et de poings américains. Sur la place du marché, d'ordinaire paisible, la violence était extrême selon les témoins. Parmi les blessés, un jeune kurde de 20 ans, qui a témoigné auprès du Schleswig-Holsteinischer Zeitung : «Les agresseurs étaient des dealers bien connus, et pas seulement des migrants.» Alors que le milieu de la drogue dans la région était jusque-là dominé par les Allemands d'origine russe, l'arrivée depuis 2014 de près de 75 000 migrants dans ce Land septentrional d'Allemagne semble donner lieu à des luttes d'influence, à mesure que certains d'entre eux se tournent vers le trafic pour tenter de gagner un peu d'argent.
Comment les migrants ont-ils accès à la marchandise qu'ils revendent ? Christian Braunwarth, porte-parole du parquet de Lübeck, explique que certains dealers infiltrent directement les structures d'accueil de migrants et contactent de manière ciblée certains individus pour les recruter «en tant que mules ou revendeurs de rue». «Ce sont malheureusement les classes les plus fragiles économiquement qui sont les plus visées par ce genre de recrutement», déplore-t-il.