C'est la première mosquée présentée comme «libérale» à Berlin, mais aussi en Allemagne. Le lieu de culte musulman, inauguré le 16 juin, remplace le temple protestant de Saint-Jean, situé dans le quartier de Mitte, en plein centre de la capitale allemande, qui a accepté de louer le bâtiment. Mais c'est une mosquée un peu spéciale, où la ségrégation sexuelle, notamment, ne s'appliquera pas. «En principe, les portes de la mosquée sont ouvertes à tout le monde», explique l'initiatrice du projet, Seyran Ates dans le magazine allemand Spiegel. «Avec une exception notable : personne ne sera admis avec un niqab ou une burqa», ajoute cette avocate née en 1963 en Turquie, connue en Allemagne pour être à la fois militante féministe et musulmane. «Etre musulmane en même temps que féministe, ce n'est pas contradictoire pour moi», argumente Seyra Ates, qui prévoit également de former des imams femmes.
Dans cette mosquée, les deux communautés de l'islam, les chiites et les sunnites, sont invitées à prier ensemble, ainsi que les hommes et les femmes. Les membres de la communauté LGBT sont en outre les bienvenus. «C'était une erreur de la gauche [historique], à vrai dire, de penser qu'un monde sans religion serait meilleur. Ce n'est pas le cas. La question de Dieu concerne tous les êtres humains, même les athées», conclut Seyran Ates.
Cet événement survient alors que, selon le quotidien Die Zeit, le ministre adjoint des Finances allemand Jens Spahn veut introduire une «loi sur l'islam» afin de contrôler le financement des mosquées outre-Rhin. Alors que la question de la place de l'islam dans la société allemande fait débat, moins de trois mois avant les élections législatives de septembre, cette loi prévoit de faire passer des tests de langue aux imams officiant en Allemagne. Selon Jens Spahn, des prêches en allemand plutôt qu'en arabe favoriserait l'intégration des musulmans.