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L'Allemagne décide d'abaisser à six ans l'âge pour numériser les empreintes digitales des migrants

Les ministres de l'Intérieur des différentes régions allemandes ont décidé de prendre une série de mesures de sécurité. A trois mois des élections législatives allemandes, la question de la menace terroriste s'impose comme un thème politique majeur.

Après une année noire en 2016, marquée par de nombreux attentats terroristes, l'Allemagne a décidé d'abaisser de 14 à six ans la limite d'âge pour mettre sous surveillance des mineurs. Dans la foulée, les empreintes digitales des demandeurs d'asile mineurs de plus de six ans seront également numérisées.

Ces décisions, qui seront exécutées au niveau fédéral, ont été prises ce 14 juin 2017, à l'issue d'une réunion à Dresde des ministres de l'Intérieur des différents Länder (régions) allemands. La mesure d'abaissement de l'âge a été particulièrement défendue par le ministre de l'Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann. Ce dernier s'était alarmé début juin dans la presse allemande du fait que, selon lui, les terroristes étaient de plus en plus jeunes.

Afin de repérer au plus tôt les signes de radicalisation, le ministre avait supprimé toute limite d'âge pour la surveillance des mineurs – et donc des migrants mineurs – dans son Land de Bavière. «Normalement, les services de renseignement de Bavière ne placent pas un enfant sous surveillance. Mais s'il y a des signes tangibles qu'un adolescent de 12 ans est en lien avec un groupe terroriste, il faut que nous soyons capables de nous en saisir», avait-il argumenté le 3 juin dans une interview accordée au quotidien allemand Die Welt. «Je recommande très fortement d'abaisser la limite d'âge à des fins de surveillance dans l'ensemble de l'Allemagne». Le ministre bavarois faisait ainsi allusion à la tentative d'un enfant de 12 ans de faire exploser une bombe artisanale sur un marché de Noël de la ville de Ludwigshafen, en Rhénanie-Palatinat, le 16 décembre 2016. 

Joachim Herrmann a apparemment su convaincre ses homologues au-delà de ses espérances. C'est ainsi le ministre de l'Intérieur du Land de Saxe, Markus Ulbig a proposé comme mesure supplémentaire de procéder également à la numérisation des empreintes digitales

Mise sous surveillance des téléphones mobiles

Parmi les autres mesures que l'Office fédéral de protection de la constitution (Bundesamt für Verfassungsschutz, le nom des services de renseignement allemands) devra mettre en œuvre, figure aussi la mise sous surveillance des téléphones mobiles. Les applications de messagerie instantanée cryptées, telles que WhatsApp et Signal seront particulièrement visées, car plus susceptibles d'être utilisées par des terroristes et des criminels.

Cette réunion de ministres de l'Intérieur est la dernière avant les élections législatives allemandes en septembre 2017, et la sécurité des Allemands tient une place importante dans le débat politique. En 2016, l'Allemagne a été touchée par une série d'attentats, notamment durant l'été mais aussi en décembre avec l'attaque au camion sur un marché de Noël à Berlin.

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