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Experts européens : le Gréférendum est un choc démocratique nécessaire pour l’UE

Les Grecs ont voté «Non» aux nouvelles mesures d’austérité proposées par la troïka et l’UE ce qui rend la situation encore plus incertaine. Des experts estiment que le référendum est un pas nécessaire, contre l’UE responsable de cette crise.

L’Union européenne et la troïka de créanciers ne voulaient rien céder à la Grèce et ni faire de concessions sur les conditions d’obtention de l’aide financière. Panagiotis Sotiris, professeur de sociologie de l’université de l'Égée estime que «ce néolibéralisme obsessif et débridé qui était au centre de la politique européenne est la raison pour laquelle ce référendum a eu lieu».

«La vraie menace pour l’Europe est l’Europe elle-même», souligne le professeur, et le référendum qui a dit «Non» à cette politique est «un choc démocratique nécessaire» pour l’Union européenne qui «était allergique à tout esprit de démocratie et à tout esprit de souveraineté populaire».

En évoquant cette répugnance à toute concession montrée par l’Union européenne pendant les dernières semaines des négociations et après l’annonce du référendum, le journaliste grec Aris Chatzistefanou, a jugé que les prêteurs et l’UE essayaient de renverser le gouvernement. «Ils ne veulent pas négocier avec Alexis Tsipras parce qu’ils ne veulent pas négocier du tout. Il veulent imposer leur volonté comme ils l’ont fait pendant les cinq ou six dernières années». Selon Aris Chatzistefanou, les gouvernements européens sont habitués à accepter tous les ordres venant de Bruxelles ou Berlin, mais on voit aujourd’hui que ce n’est pas le cas de la Grèce. 

Les créanciers se sont accommodés à ce système, qui s’est finalement retournés contre eux, pense William Mallinson, ex-diplomate britannique. C’est pourquoi ils ont recouru à des «actes désespérés pour effrayer les citoyens grecs», mais cela n’a pas eu l’effet escompté parce que les habitants du pays sont «des victimes, dont les salaires ont été réduits de 40% ces cinq dernières années», indique-t-il.

Mais les créanciers ne capituleront pas et continuerons à lutter, souligne Max Fraad Wolff, économiste en chef de ZT Wealth. L’Espagne, le Portugal et l’Italie souffrent également des mesures d’austérité et ce référendum peut créer un précédent pour eux. «Les créanciers en ont peur», met-il en relief. L’économiste pense qu’ils essaieront d’imposer plus de mesures punitives et douloureuses aux Grecs. «C’est n’est pas une position de personnes intelligentes», pointe-t-il du doigt, parce qu’après tout ce que le pays a éprouvé, les habitants très peu à perdre et le référendum en est la conséquence. 

C’est après ce scrutin que les vraies négociations commenceront, dit le professeur d’économie politique Jack Rasmus à RT. «Les membres les plus radicaux de la troïka ont tenté de mener la Grèce à la faillite et hors de la zone euro, et maintenant c’est le temps pour les partisans d’une politique plus modérée de faire de nouvelles propositions qu’ils avaient probablement préparé avant même le scrutin». Qu’est-ce que cette proposition peut contenir ? «Peut-être, la prolongation de la dette, ce qui permettrait la réduction des échéances et des taux d’intérêt, la restructuration de la dette», estime l’expert, en ajoutant qu’il faut attendre une nouvelle série des négociations entre les deux parties.  

Les créanciers peuvent continuer d’essayer de déstabiliser l’économie grecque, alors que les banques sont toujours fermées dans le pays pour le moment, «mais avec le soutien du peuple au gouvernement de Syriza c’est peu probable que ce soit le cas», estime Jack Rasmus.

De nouveaux entretiens sur la dette grecque reprendront le 7 juillet à l’initiative de François Hollande et Angela Merkel dans le cadre du sommet de l’Eurogroupe pour faire un point sur la situation compte tenu des résultats du référendum.