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Madrid entend bloquer la tenue d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne

Alors que le président de la Catalogne a annoncé la tenue d'un référendum sur l'indépendance de la région le 1er octobre, Madrid a réitéré sa ferme opposition au projet, jugeant que le gouvernement catalan menait une «stratégie de tension».

La vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria s'attend à à des provocations de la part des séparatistes qui dirigent la Catalogne, décidés à organiser le 1er octobre un référendum d'autodétermination sans l'accord de Madrid. «Nous devons nous préparer à une stratégie de tension de la part de la Generalitat [le gouvernement catalan] et des partis indépendantistes», a déclaré Soraya Saenz de Santamaria à la télévision publique espagnole TVE le 12 juin.

«Ils ont besoin de créer de la tension pour rassembler les leurs», a estimé la vice-présidente. «L'Etat, sans un mot plus haut que l'autre, ne va pas permettre que [ce référendum] ait lieu car il est contraire à la démocratie, il va contre les droits de l'ensemble des Catalans et du reste des Espagnols», a-t-elle martelé.

Elle a par ailleurs précisé que des mesures avaient déjà été prises pour l'empêcher. «La Cour constitutionnelle a prévenu en février que tout acte préparatoire à ce référendum était inconstitutionnel et pourrait relever de la désobéissance», a souligné Soraya Saenz de Santamaria.

Pep Guardiola : «Nous voterons même si l'Etat espagnol ne le veut pas»

La région est en proie à une fièvre indépendantiste attisée par un arrêt de la Cour constitutionnelle, qui avait en partie annulé en 2010 un statut de 2006 conférant à la Catalogne le titre de Nation. Ce sentiment se nourrit en outre de la crise économique que traverse depuis plusieurs années l'Espagne.

Dans ce contexte, le 9 juin, le président catalan Carles Puigdemont a annoncé la tenue le 1er octobre d'un référendum d'autodétermination unilatéral, malgré le veto de Madrid et l'interdiction énoncée par la Cour constitutionnelle. Il doit cependant encore convoquer le référendum formellement, ce qui peut lui valoir des poursuites judiciaires. Il a en tous cas promis, si le «oui» à l'indépendance l'emportait, de déclencher dans la foulée une «déconnexion» du reste de l'Espagne, de cette région de 7,5 millions d'habitants.

Deux jours plus tard, le 11 juin, plusieurs milliers de personnes – 30 000 selon la mairie, 47 000 selon une source séparatiste – se sont rassemblées à Barcelone pour soutenir la tenue du référendum. Devant le palais de Montjuïc, l'ancien entraîneur du FC Barcelone Pep Guardiola, indépendantiste, a notamment lu un manifeste devant l'assistance et Carles Puigdemont. «Nous voterons, même si l'Etat espagnol ne le veut pas. [...] Il n'y a pas d'autre issue ; la seule réponse possible, c'est voter», a-t-il lancé en catalan, espagnol et anglais, demandant le soutien de la communauté internationale contre «les abus d'un Etat autoritaire».

L'opinion est du reste très divisée : environ 48,5% des Catalans sont contre la sécession alors que 44,3% sont pour selon un récent sondage d'un institut dépendant du gouvernement catalan. Mais une très large majorité, plus de 70%, aimerait trancher la question avec un référendum.

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