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Le mandat du président brésilien sauvé in extremis par les juges

Le président brésilien Michel Temer l'a échappé belle. Le tribunal qui s'est penché sur des accusations d'irrégularités dans la campagne électorale de 2014 lui a accordé un non-lieu par une étroite majorité.

Le vote dans la soirée du 9 juin du président du Tribunal supérieur électoral (TSE) Gilmar Mendes, le septième et dernier juge à s'exprimer à l'issue de quatre jours de débats marathon, a été décisif.

Michel Temer, qui bat tous les records d'impopularité mais s'est dit déterminé à diriger le Brésil jusqu'au terme de sa présidence, fin 2018, a ainsi pu sauver son mandat avec quatre voix pour et trois contre son maintien au pouvoir.

«On ne remplace pas un président de la République n'importe quand [...] L'invalidation d'un mandat ne peut être décidée que lors de situations non-équivoques», a déclaré le juge Mendes.

«Il vaut mieux payer le prix d'un gouvernement mauvais et mal choisi que celui de l'instabilité du système», s'est-il justifié. Avant d’ajouter : «Nous ne devons pas jouer aux apprentis sorciers. Ceux qui veulent destituer le président ne doivent pas profiter de la situation et faire du tribunal leur instrument.»

Un président très sûr de lui

Peu avant cette annonce, le président Temer s'était montré défiant, alors que la probabilité de son maintien au pouvoir se renforçait.

Il a refusé de répondre à 82 questions écrites de la police fédérale et a demandé que soit classée l'enquête ouverte à son encontre par la Cour suprême (STF) pour corruption, ont annoncé ses avocats. «Le président a été traité comme un acteur de seconde zone d’un opéra-bouffe mis en scène par un chef d'entreprise criminel et se retrouve maintenant visé par une inquisition envahissante, arrogante et dénuée du moindre respect», dénonce un document virulent remis par sa défense au juge Edson Fachin. Ce dernier est le rapporteur à la Cour suprême de l'opération «Lavage express», nom du gigantesque scandale de corruption autour du groupe pétrolier d'Etat Petrobras.

La plus haute juridiction brésilienne a ouvert à l'encontre du président Temer une enquête pour corruption passive et entrave à la justice après avoir été enregistré par Joesley Batista, un magnat de l'agroalimentaire, en train de donner son accord au versement de pots-de-vin à un homme politique emprisonné pour corruption.

Les délibérations du TSE, réuni depuis le 6 juin à Brasilia, ont révélé de fortes divisions parmi les juges.

Ils s'étaient réunis pour décider d'invalider ou non l'élection de 2014, entachée d'accusations de financement illégal de la campagne qui a permis à Michel Temer d'accéder à la vice-présidence, puis à la présidence l'an dernier après l'éviction brutale de Dilma Rousseff.