Une Yéménite, nommée Nasrine, a confié à RT que sa fille de 10 ans Mlak avait été fiancée à un homme âgé. Cette union avait été conclue par le père de l'enfant malgré l'opposition de la mère. Grâce à l'aide de l'organisation Union des femmes du Yémen, le mariage n'a finalement pas eu lieu. Nasrine craint néanmoins que le père puisse enlever la fillette pour essayer de la vendre de nouveau comme épouse.
«Je suis totalement opposée à l'idée qu'elle se marie si jeune. Peu importe qui est l'homme, c'est juste une enfant et elle devrait aller à l'école. Elle a seulement 10 ans, elle ne survivrait pas à un mariage», a déclaré Nasrine à RT.
«Je ne sais pas ce qu'il va nous arriver, mais ma seule priorité est l'éducation de ma fille. Elle n'est pas allée à l'école depuis deux ans car j'ai peur qu'un jour son père l'enlève et la marie», a-t-elle ajouté.
Hayat al-Kinai, une activiste de l'Union des femmes du Yémen, a assuré que le pays était le théâtre de plus en plus de mariages forcés d'enfants. Même si les mères ne veulent pas marier leurs filles, la pauvreté les y contraint parfois. «La pauvreté est très, très élevée et donc certaines acceptent de marier leurs filles», a-t-elle déclaré à RT.
Le mariage des mineurs s'est développé de «façon alarmante» au Yémen, s'était indigné l'Unicef en mars dernier. Si avant le début de la guerre, en 2014, le mariage des mineurs concernait 50% des femmes, ce chiffre a atteint 72% en 2016. Parmi ces jeunes filles, 44% étaient mariées avant l'âge de 15 ans.
«Le problème principal [de ce phénomène] est que la guerre fait rage au Yémen. La façon la plus simple de mettre un terme à cette situation est d'en finir avec ce conflit», a assuré à RT le directeur régional de l'Unicef Geert Cappelaere.
Depuis l'intervention lancée au Yémen en mars 2015 par une coalition militaire arabe sous commandement saoudien pour contrer les rebelles chiites, toutes les médiations de l'ONU et sept accords de cessez-le-feu ont échoué à mettre fin au conflit.
Celui-ci a fait en deux ans plus de 8 000 morts et 45 000 blessés, dont plus de la moitié de civils, selon l'ONU.