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Maroc : manifestations à Al-Hoceïma, heurts entre jeunes et policiers

Des centaines de personnes ont de nouveau manifesté le 8 juin à Al-Hoceïma, où des heurts ont brièvement opposé en journée jeunes et policiers, signe de la persistance des tensions dans cette ville du nord du Maroc.

En fin d'après-midi le 8 juin, des groupes de jeunes se sont rassemblés par surprise dans le quartier Sidi Abed de la ville d’Al-Hoceïma pour exiger la libération des leaders emprisonnés de la contestation qui secoue depuis sept mois cette région du Rif. Ils ont été repoussés sans ménagement par les policiers, et plusieurs d'entre eux ont alors lancé des pierres sur les forces de l'ordre. Faisant usage de quelques grenades lacrymogènes, la police a procédé à plusieurs interpellations et chargé pour disperser les protestataires.

Les affrontements ont cessé vers 18h30. Une source au sein de l’exécutif local a qualifié l'incident de simple «escarmouche» avec «un groupe d'adolescents et de mineurs».

Dans la soirée, après la rupture du jeûne, quelques centaines de personnes se sont à nouveau regroupées dans Sidi Abed, à l'endroit même des affrontements. Le rassemblement s'est déroulé jusqu'à minuit sans aucune violence, alors que les forces de l'ordre avaient pris position à environ 300 mètres. Il y avait cette fois de nombreuses femmes et enfants dans la foule qui scandait ses habituels slogans : «Nous sommes tous Zefzafi», «Liberté pour les prisonniers», ou «Dignité pour le Rif».

Le leader du mouvement «hirak», Nasser Zefzafi, et ses principaux meneurs ont été arrêtés ces dix derniers jours par la police, après l'interruption par Zefzafi d'un prêche officiel dans une mosquée de la ville. Ils font face aujourd’hui à de graves accusations, notamment atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat.

Au total, 86 personnes sont poursuivies par la justice, selon le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi.

Les autorités ont justifié les arrestations de ces derniers jours, visant le noyau dur du «hirak» par nécessité de «faire respecter la loi».

«L'Etat marocain est déterminé à garantir le droit de manifester pacifiquement, écrit dans la Constitution», a assuré le 8 juin au cours d'un briefing à la presse un responsable du ministère de l'Intérieur. «Pour autant ces manifestations doivent faire l'objet de déclarations car elles sont faites sur la voie publique. Il y a un risque d'atteinte à l'ordre public. Aucun Etat ne peut rester sans rien faire face à une telle situation, il serait irresponsable de laisser la rue sans prendre de précaution», a justifié ce responsable.

Celui-ci a dit ne pas comprendre la poursuite du mouvement, alors que l'Etat a répondu à plus de 90% des revendications. Il a pointé le refus des manifestants de dialoguer, malgré la main tendue de l'Etat, et s'est interrogé sur leurs réelles motivations. Il a cependant refusé de préciser le nombre de policiers et gendarmes –d'évidence très nombreux – actuellement déployés à Al-Hoceïma, ville de 56 000 habitants.