Au Royaume-Uni, les conservateurs sont en tête du scrutin des élections législatives, mais ont perdu une quinzaine de sièges, tandis que l'opposition travailliste en a gagné une petite trentaine, selon les résultats quasi définitifs parus le matin du 8 juin.
Le Premier ministre conservateur Theresa May était pressée de démissionner au lendemain de ces élections qui induisent pour son parti la perte de la majorité absolue au Parlement britannique. Un résultat choc qui plonge le pays dans l'incertitude peu avant l'ouverture des négociations du Brexit.
C'est un échec personnel pour Theresa May, qui avait convoqué ces élections législatives anticipées, comptant obtenir une majorité renforcée pour négocier la sortie de l'Union européenne.
Le Premier ministre britannique, qui disposait d'une majorité de 17 sièges dans le Parlement sortant, espérait avoir les coudées franches pour négocier un Brexit «dur» avec les 27 à partir du 19 juin, un an après le référendum.
Mais les travaillistes de Jeremy Corbyn, tenant de l'aile gauche et qui a mené une campagne jugée réussie, ont contrarié ces plans. Largement réélu dans sa circonscription d'Islington, au nord de Londres, il a immédiatement appelé Theresa May à la démission.
«Elle a perdu des sièges conservateurs, perdu des voix, perdu le soutien et la confiance. C'est assez pour qu'elle parte et laisse la place à un gouvernement vraiment représentatif», a-t-il déclaré.
Au sein même des Tories, l'ancienne ministre Anna Soubry a estimé que le Premier ministre devait envisager une démission, soulignant qu'elle se trouve «dans une situation très difficile».
Theresa May, reconduite à Maidenhead (ouest), s'est contentée d'affirmer que «quels que soient les résultats», son parti «assurer(ait) la stabilité» dont «le pays a besoin».
La livre sterling en baisse
Dès la fermeture des bureaux, la projection de ce résultat avait provoqué la chute de la livre sterling à la bourse de New York, tant face à l'euro que face au dollar.
«Il semble qu'il va y avoir de l'instabilité et qu'il sera plus difficile pour le gouvernement britannique de négocier le Brexit avec une position ferme», relève Tony Travers, de la London School of Economics (LSE).
Les conservateurs doivent désormais composer une coalition avec un autre parti – par exemple les Unionistes irlandais – ou se résoudre à former un gouvernement minoritaire. Dans les deux cas, les négociations pourraient retarder le calendrier du Brexit.
Pour Mike Finn, de l'université de Warwick, le Royaume-Uni s'expose «à une période de coalition ou à de nouvelles élections». Résultat : «Toute l'approche du Brexit est remise en question.»
A gauche, les indépendantistes écossais du SNP essuient de lourdes pertes, à 34 sièges contre 54 précédemment, selon les résultats quasi définitifs. Leur numéro 2, Angus Robertson, ainsi que leur ancien leader, Alex Salmond, ont été battus.
Les Libéraux-Démocrates, seul parti résolument europhile, gagne 4 sièges à 12 mandats, selon ces résultats. Les Lib-Dem ont prévenu le 8 juin au soir qu'il n'y aurait «pas de coalition, pas d'accord» avec les autres partis.
Le parti eurosceptique Ukip perd quant à lui son unique siège.