Les questions sécuritaires se sont imposées dans la campagne pour les élections législatives alors que Londres a une nouvelle fois été frappée en son cœur le 3 juin, moins de trois mois après une première attaque, et douze jours après l'attentat de Manchester.
Signe de vigilance mêlée d'anxiété, une explosion contrôlée a eu lieu le 7 juin dans la capitale britannique près de la future ambassade américaine, où deux véhicules abandonnés avaient été repérés. La police a néanmoins précisé que cette intervention était «sans lien avec le terrorisme».
Les autorités ont annoncé des mesures de sécurité renforcées dans la capitale pour le jour du scrutin.
Le Brexit, qui dominait initialement la campagne, a été relégué au second plan, quand bien même ces législatives anticipées ont été convoquées par Theresa May dans le but de renforcer sa courte majorité au Parlement en vue des difficiles négociations de sortie de l'Union européenne.
Les conservateurs comptent récupérer le maximum de voix du parti eurosceptique et favorable au Brexit Ukip, troisième force politique du pays en 2015, mais en pleine déconfiture depuis le départ de son charismatique leader Nigel Farage.
Les nationalistes écossais du SNP espèrent, eux, préserver leur écrasante domination, 56 sur 59 sièges au Parlement régional écossais aux dernières élections de 2015, pour continuer à prôner un nouveau référendum d'indépendance.
Theresa May fustigée par le camp travailliste
Pour la dernière journée de campagne, Theresa May a participé à trois rassemblements, arguant qu'elle était «la seule» à pouvoir arracher «un bon accord sur le Brexit» et que le Labour allait «plomber l'économie britannique».
Le leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a achevé dans son fief d'Islington, dans le nord de Londres, une journée qui l'a également mené à Glasgow (Ecosse) et Liverpool.
«Nous avons 24 heures pour sauver le NHS», le système de santé public, a souligné le candidat, dénonçant les coupes des conservateurs dans les budgets du système de santé publique et de la sécurité.
Depuis les attentats, Jeremy Corbyn accuse le Premier ministre d'avoir réduit drastiquement les effectifs de la police alors qu'elle était ministre de l'Intérieur (2010-2016), et promet de recruter 10 000 agents supplémentaires.
Certains droits fondamentaux menacés de restrictions
De son côté, Theresa May a annoncé envisager un nouveau tour de vis législatif qui pourrait restreindre certains droits fondamentaux pour réduire la liberté de mouvements des personnes suspectées d'activité terroriste, s'attirant les foudres de l'ONG Human Rights Watch.
L'écart de plus de 20 points qui séparait les deux formations lorsque Theresa May a convoqué ces élections en avril s'est réduit de moitié, voire davantage, selon les ultimes sondages publiés le soir du 7 juin. Les Tories restent cependant favoris.
Attaque de Londres : quelles répércussions sur le scrutin ?
L'enquête sur l'attentat de Londres, dont le bilan a été porté à huit morts de cinq nationalités différentes, se poursuit.
La police a annoncé avoir repêché dans la Tamise le corps d'un homme dans le cadre de recherches d'un Français disparu, Xavier Thomas. Le président français Emmanuel Macron a alors annoncé dans la foulée la mort d'un troisième Français dans cet attentat. Vingt-huit blessés sont toujours hospitalisés, dix se trouvant dans un état critique, selon le NHS.
La police annoncé l'arrestation d'un homme de 30 ans lors d'une perquisition menée à Ilford, un quartier de l'est de Londres, non loin de Barking, où habitaient deux des trois auteurs de l'attentat, commis par un Britannique d'origine pakistanaise, un Maroco-Italien et un Maroco-Syrien.
A Manchester, où 22 personnes ont été tuées par un kamikaze le 22 mai, la police a annoncé le 7 juin une nouvelle arrestation. Au total, huit personnes sont détenues dans ce dossier.
Les analystes estiment très difficile de mesurer les répercussions des attentats sur le résultat du scrutin. Selon Eric Kaufmann, professeur de sciences politiques à l'Université de Londres, ce type d'attaques «ont tendance à conforter les électeurs dans leurs convictions».
Mais il relève que les conservateurs, jugés «plus solides» en matière de sécurité, ont été fortement critiqués, deux des trois assaillants étant connus des services de sécurité.
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