Le Kremlin a rejeté les accusations, relayées par CNN, d'un piratage fin mai par des hackers russes de QNA, l'agence de presse du Qatar. «On en a marre de réagir à des banalités étayées par aucune preuve», a déclaré Andreï Kroutskikh, le conseiller de Vladimir Poutine pour la cybersécurité cité par l'agence Interfax. Et d'ajouter : «Ce genre d'accusations discrédite de fait ceux qui les lancent.»
«Malheureusement, [les journalistes américains] n'inventent rien de nouveau et c'est pourquoi, quoi qu'il arrive, ils parlent de hackers», a-t-il regretté. «C'est toujours la même rengaine, il y a, comme à chaque fois, zéro preuve et les conclusions sont tirées avant même que l'enquête soit menée», a souligné le conseiller russe, faisant référence aux nombreuses accusations d'«ingérence», de «piratage informatique» ou encore de désinformation ciblant la Russie, à l'occasion des élections présidentielles en France et aux Etats-Unis.
Selon des enquêteurs américains du FBI cités par CNN, des pirates russes seraient à l'origine d'une attaque informatique survenue fin mai contre l'agence de presse officielle du Qatar, qui leur aurait permis de diffuser des «fake news». D'après ces enquêteurs dépêchés au Qatar, le mobile avancé pour ce piratage présumé est de provoquer des divisions entre les Etats-Unis et leurs alliés.
Après la publication le 23 mai sur le site de l'agence de presse qatarie ainsi que ses comptes de réseaux sociaux, de propos polémiques attribués à l'émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, les autorités du Qatar avaient affirmé avoir été victimes de hackers. Les propos controversés du cheik rompaient avec le consensus régional sur plusieurs sujets sensibles, notamment sur le rôle de l'Iran dans la région.
Les propos rapportés par QNA et décrits comme liés à un piratage contenaient également des commentaires négatifs sur les relations entre l'administration Trump et le Qatar, pourtant un proche allié des Etats-Unis, de nature à remettre en cause les positions diplomatiques traditionnelles de Doha.
Une réalité plus complexe ?
D'autres explications à la rupture diplomatique entre le Qatar et ses voisins arabes ont pourtant été formulées. Le quotidien financier britannique The Financial Times a ainsi révélé ce 7 juin que les autorités du Qatar avaient versé environ un milliard de dollars à des responsables du renseignement iraniens ainsi qu'à des groupes djihadistes affilés à Al-Qaïda en Syrie pour assurer la libération de 26 membres de la famille royale, dont de nombreux cousins de l'émir du Qatar, enlevés en décembre 2015.
Le président américain Donald Trump a pour sa part fait savoir sur Twitter que lors de sa tournée au Moyen-Orient, il avait demandé aux dirigeants de pays arabes du Moyen-Orient – dont l'Arabie saoudite – de couper tout lien avec le financement du terrorisme. Sur Twitter, le chef d'Etat semblait interpréter la mise au ban du Qatar comme un résultat de la lutte contre le terrorisme qu'il a encouragée.
Le 5 juin, l'Arabie saoudite et quatre de ses alliés, ainsi que l'Egypte, ont rompu leurs relations avec le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme, provoquant une crise diplomatique majeure au Moyen-Orient.
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