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La Haye : une quatrième nuit d'émeutes consécutive

La police néerlandaise a procédé à l'arrestation de 200 jeunes, alors que la ville de La Haye a connu sa quatrième nuit d'émeutes depuis l'arrestation ayant entraîné la mort de Mitch Henriquez, un homme originaire des Caraïbes.

Cette semaine, les nuits de la Haye ressemblaient étrangement à celle de Ferguson ou de Baltimore. Des manifestations ont opposé des jeunes en colère aux forces de police. Des jets de pierres et de pétards explosifs, et des actes de vandalisme face aux commerçants du quartier de Schilderswijk ont entraîné des affrontements d'une rare violence, dans la capitale économique hollandaise.

A l'origine des affrontements : la mort, le 27 juin, d'un homme de 42 ans d'origine caribéenne, des suites d'une interpellation musclée. Mitch Henriquez, est originaire de l'île néerlandaise d'Aruba. Interpellé lors d'un festival de musique, il a été arrêté avec usage de la force entraînant son décès. D'après la police, l'homme aurait menacé les agents présents, précisant qu'il était armé. Les policiers auraient alors procédé à une prise d'étranglement, dont le but est de faire perdre conscience à la victime. Une pratique autorisée uniquement lorsque la vie des agents de police est menacée. Or, d'après le rapport de police, il s'est avéré que l'homme ne portait pas d'arme et n'avait consommé ni drogue, ni alcool. Des éléments qui viennent mettre en question les dires des policiers ayant procédé à l'interpellation.

Une polémique à deux visages

La situation a vite conduit à des violences, embrasant le centre de la Haye, durant quatre nuits consécutives. En cause : les polémiques qui entourent les faits.

D'abord, l'incertitude du déroulement de l'interpellation. Deux questions participent àla colère des riverains : le comportement de Mitch Henriquez justifiait-il l'utilisation de la force ? Les policiers sont notamment soupçonnés d'avoir exagéré ses menaces et son comportement afin de corroborer leur version des faits. Ensuite, est-il légitime d'utiliser une prise d'étranglement dont les effets échappent régulièrement au contrôle de leurs auteurs ? Dans de nombreux pays, cette clé de la carotide a été interdite, même en cas de danger de mort pour les forces de police. La LAPD, la fameuse police de Los Angeles, pour ne citer qu'elle, a prohibé cette méthode il y a une décennie.

Ensuite, l'origine de la victime. Métisse, et issu de la colonisation (l'île d'Aruba appartient à la couronne hollandaise depuis 1636), son arrestation met en avant la thèse du racisme policier. Une théorie qui a vu les villes américaines de Ferguson et de Baltimore connaître des émeutes similaires. Le ciblage de la personne et l'usage vraisemblablement excessif de la force donnent des arguments aux partisans de la théorie du racisme policier.

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Un appel au calme ignoré

La famille de Mitch Henriquez avait lancé un appel au calme au lendemain de la première nuit d'émeute. Mais les habitants en colère du quartier multiculturel de Schilderswijk ont fait la sourde oreille à ces sollicitations. De nouveaux affrontements ont eu lieu, avant que la ville ne redevienne paisible, vendredi 3 juillet.

Dans la nuit précédente, plusieurs vitrines de magasins, de banques, ainsi qu'un théâtre du quartier, ont été vandalisés. 200 personnes ont été arrêtées. D'après la police, il s'agit des mêmes jeunes qui avaient déjà été interpellés la nuit précédente. Les faits qui leur sont reprochés sont semblabes : vandalisme et pillage, et violence envers les forces de l'ordre, notamment par des jets de pierres et de pétards.