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Allemagne : un festival de rock reprend, la menace terroriste pas confirmée

Le festival de musique «Rock am Ring», le plus important du genre en Allemagne, évacué le 2 juin en raison d'une «menace terroriste», va reprendre, tout danger potentiel ayant été écarté, ont annoncé ce 3 juin les organisateurs.

La police a précisé que trois personnes liées à la mouvance salafiste de la région voisine de Hesse (ouest), interpellées le 2 juin dans le cadre de l’enquête, avaient été relâchées le 3 juin. Les suspects disposaient d'une accréditation en tant qu'assistants pour ce festival et avaient donc un large accès au site, selon la police. Ils avaient été embauchés pour l'installation des barrières de sécurité, selon des médias locaux. 

«Parmi eux figure au moins une personne qui n'est pas d'origine allemande et qui est connue des services de police dans la mouvance du terrorisme islamiste», a expliqué Wolfgang Fromm, de la police de Coblence (sud-ouest), au cours d'une conférence de presse. «Cette personne avait accès aux coulisses de l'événement», a-t-il précisé.

Auparavant, la police avait confirmé à l'AFP que les recherches sur le site de ce festival, situé près de Coblence et où 90 000 personnes étaient attendues, étaient terminées.

«Après des fouilles intenses sur l'ensemble du site du festival, les soupçons d'un danger imminent ne se sont pas confirmés», ont expliqué pour leur part les organisateurs sur leur site internet. «La police a donné son feu vert pour une reprise des travaux d'installation sur la scène», ont-ils ajouté.

«Comme la sécurité est la priorité et que toute mise en danger des festivaliers doit être autant que possible évitée, il a été décidé de suspendre le festival pour aujourd'hui», poursuit la police, qui n'a pas donné d'autres précisions sur la nature de la menace et les éléments tangibles dont elle dispose.

Le ministre de l'Intérieur de l'Etat régional de Rhénanie-Palatinat, Roger Lewentz, a défendu la décision d'évacuer le public du festival car, selon lui, un danger accru pour les participants n'était pas exclu. «Nous ne pouvions donc pas prendre de risques. Il faut agir en conséquence dans ce genre de situations», a-t-il assuré.

Le site du festival devait de nouveau être accessible vers 13h30 locales (11h30 GMT) et les concerts débuter dans la foulée. L'événement qui se tient tous les ans doit s'achever le 4 juin.

Il avait été évacué le 2 juin en raison d'une «menace terroriste», moins de deux semaines après l'attentat de Manchester (nord-ouest de l'Angleterre) contre une salle de concert, qui avait fait 22 morts et avait été revendiqué par le groupe Etat islamique.

Dans la soirée du 2 juin, la tête d'affiche devait être le groupe berlinois Rammstein et 85 concerts sur 4 scènes différentes doivent avoir lieu durant ce week-end de rock. 

Les festivaliers, la plupart logeant sous des tentes sur une aire de camping proche, avaient quitté le site dans le calme.

L'événement avait été en partie annulé l'an dernier en raison de violents orages, la foudre ayant fait des dizaines de blessés.

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Essor islamiste

La police a précisé que la sécurité du Festival Rock am Ring avait déjà été renforcée dans la foulée de l'attentat commis le 22 mai à Manchester après un concert de la chanteuse pop américaine Ariana Grande. 1 200 hommes supplémentaires ont été déployés à cet effet près du village d'Adenau, dans le massif de l'Eifel.

Les autorités allemandes sont par ailleurs sur le qui-vive en raison de la menace islamiste pesant sur l'Allemagne, particulièrement depuis l'attentat au camion-bélier de décembre dernier, revendiqué par le groupe Etat islamique, qui a fait 12 morts sur un marché de Noël à Berlin. 

Les mouvements islamistes potentiellement violents ont connu ces deux dernières années un essor dans le pays. Les services du renseignement intérieur estiment qu'il y a environ 10 000 islamistes radicaux en Allemagne, dont 1 600 sont soupçonnés de pouvoir passer à la violence. 

En plus de l'attaque au camion-bélier à Berlin, Daesh a revendiqué en 2016 un meurtre à Hambourg (nord), un attentat à la bombe à Ansbach (sud) qui a fait 15 blessés et tué l'assaillant, ainsi qu'une attaque à la hache dans un train en Bavière (5 blessés) dont l'auteur a été abattu par la police.

Fausses alertes

Si le meurtre n'a jamais été élucidé, les trois autres attentats revendiqués ont été commis par des demandeurs d'asile – un Tunisien, un Syrien et un Afghan – arrivés en Allemagne lors de la crise migratoire de 2015. La chancelière Angela Merkel avait alors ouvert les portes du pays à quelque 900 000 demandeurs d'asile.

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L'Allemagne a également connu une série de fausses alertes, notamment lors du match de football Allemagne-Pays-Bas annulé moins d'une heure avant la rencontre à Hanovre (nord), le 17 novembre 2015, quatre jours après les attentats de Paris.

La gare centrale de Munich (sud) et celle de Pasing, à l'ouest de la ville, avaient par ailleurs été évacuées dans la nuit du 31 décembre 2015, en raison d'une crainte d'attentat suicide. Aucune arrestation n'est intervenue dans ces deux affaires.