«Ce n’est pas avec l’arrivée de Pierre Ier le Grand en France que l’histoire des relations franco-russes débute. Elle a des racines encore plus profondes. L’audience éclairée française connaît la reine de France Anne de Russie. La fille cadette d'un des grands princes russes, Iaroslav le Sage, était l'épouse du roi Henri Ier [au XIe siècle] et a apporté une grande contribution au développement de la France, étant l’une des fondatrices d’au moins deux dynasties européennes : les Bourbons et les Valois. Les premiers sont toujours chefs d'État en Espagne.» Ces propos, formulés par Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse avec Emmanuel Macron à Versailles le 29 mai, n’ont pas été du goût de Kiev.
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Les autorités ukrainiennes ont en effet été vexées par la formulation «Anne de Russie», car elles estiment qu'Anna Iaroslavna, originaire de la principauté de Kiev, n'appartient pas à l'histoire russe mais ukrainienne (au XIe siècle n'existaient néanmoins pas les pays distincts «Russie» et «Ukraine»). Sur Twitter, elles ont défendu cette version, déclarant que lorsque qu'«Anne de Kiev» épousait le roi de France, Moscou était encore une forêt vierge.
Pour rappel, en XIe siècle, la Rus de Kiev (qui évoluera ensuite en trois Etats distincts, la Russie, l'Ukraine et la Biélorussie) avait pour centre névralgique Kiev, l'actuelle capitale ukrainienne. Moscou, fondé en 1147, devint capitale de l'Etat russe au XIVe siècle.
Les Russes ont répliqué en expliquant sur que même si Moscou n'était qu'un immense espace forestier à cette époque, Novgorod lui, ne l'était pas. Il s'agit en effet de la plus ancienne cité russe, dont la cathédrale a été construite entre 1045 et 1050. En outre, un message d'unité russo-ukrainienne lancé par les Russes a fortement déplu à Kiev.
«Nous sommes fiers de notre histoire commune. La Russie, l’Ukraine et la Biélorussie partagent le même héritage historique qui doit unir nos nations et non nous diviser», lit-on dans un tweet russe.
Ce à quoi l'Ukraine a répondu... par un Gif des Simpsons, sur lequel on voit un diplomate russe révéler son allégeance à l'URSS. A cela s'ajoute le commentaire : «Vous ne changerez jamais, n'est-ce pas ?» (sous-entendu : vous autres, les Russes, rêvez encore d'empire soviétique).
Cette passe d'armes sur Internet survient dans un contexte bilatéral toujours tendu. Pas plus tard que le 29 mai, les services de sécurité ukrainiens ont annoncé avoir perquisitionné les locaux du moteur de recherche russe Yandex, qui a été accusé de «trahison à la patrie».