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Le Pentagone a commencé à armer les combattants kurdes en Syrie

Alors que les Forces démocratiques syriennes ont annoncé l'imminence de leur assaut sur Raqqa, tenu par l'Etat islamique, Washington a commencé à armer les combattants kurdes, majoritaires au sein de la coalition. Ankara désapprouve.

Les Etats-Unis ont commencé à armer et à équiper les combattants kurdes au sein des Forces démocratiques syriennes, a annoncé le porte-parole du Pentagone Eric Pahon le 30 mai. Ce sont les «premiers préparatifs pour une éventuelle libération de Raqqa», capitale du califat autoproclamé de l'Etat islamique. Ankara désapprouve fortement, comme elle l'a déjà fait auparavant, cette stratégie américaine.

«L'équipement que la coalition dirigée par les Etats-Unis fournira aux Forces démocratiques syriennes consistera en des mitrailleuses lourdes, des armes de poing, des munitions et un arsenal capable d'anéantir les menaces spécifiques que pourraient rencontrer nos partenaires», a déclaré Eric Pahon. Il a par ailleurs précisé que des conseillers américains seraient chargés de contrôler l'usage de ces armes, afin de s'assurer qu'elles ne soient utilisées «que contre l'Etat islamique». «Tout usage non prévu ou redistribution de ces équipements sera pris très au sérieux et conduira à l'arrêt de notre soutien», a-t-il ajouté.

La prudence du Pentagone reflète le caractère éminemment délicat de cette opération. En effet, la Turquie, alliée des Etats-Unis dans la région, s'oppose depuis toujours à l'armement des forces kurdes, considérées comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce dernier, en opposition frontale au président turc Recep Tayyip Erdogan, est classé sur la liste des organisations terroristes par Ankara... ainsi que par Washington.

La décision américaine d'équiper militairement les combattants kurdes attise donc la crainte de la Turquie de voir ceux-ci se servir de leurs armes pour déstabiliser le pouvoir turc, dont ils réclament l'indépendance depuis plusieurs décennies – le Kurdistan étant à cheval sur la Turquie, l'Irak et la Syrie. Après une première livraison d'armes par les Américains début mai à Hasakah, ville contrôlée par les Kurdes dans le nord de la Syrie, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé «une erreur». «J'invite les Etats-Unis à faire marche arrière immédiatement», avait-il déclaré. Il semble que son exhortation n'ait pas été entendue.

Les Forces démocratiques syriennes, coalition armée lancée en 2015 avec pour objectif principal la lutte contre l'Etat islamique dans le nord de la Syrie, regroupe très majoritairement des Kurdes, mais aussi des chrétiens syriaques, des membres de tribus locales et des rebelles arabes proches de l'Armée syrienne libre. Soutenues par les Etats-Unis, elles ont annoncé s'apprêter à lancer l'«assaut final» sur Raqqa au début du mois de juin. 

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