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Villages brûlés, viols, exécutions : un rapport de l'ONU recense les crimes commis en Centrafrique

Les Nations unies ont publié un document listant les exactions et les massacres en Centrafrique entre 2003 et 2015. Une cour pénale spéciale, installée dans la capitale Bangui doit instruire et juger des crimes de guerre perpétrés dans le pays.

Villages entiers brûlés dans le cadre de campagnes de représailles, récits de viols collectifs de femmes et de filles parfois âgées d’à peine cinq ans, exécutions extrajudiciaires, décès faisant suite à des cas de torture ou de mauvais traitements dans des centres de détention... telle est la longue liste macabre des exactions relevées dans un rapport de l'Organisation des nations unies (ONU) publié ce 30 mai 2017. Quelque 620 «incidents» recensés, selon le terme employé dans le document, qui se sont produits en Centrafrique entre 2003 et 2015. Des crimes «abominables», souligne le rapport, commis par l'armée régulière centrafricaine ainsi que des groupes armés.

Le document mentionne également des «violences graves contre les personnes en raison de leur religion, leur appartenance ethnique ou leur supposée affiliation à des groupes armés», ainsi que le recrutement de milliers d'enfants par des groupes armés et des attaques contre des acteurs humanitaires et des casques bleus.

La publication de ce rapport coïncide avec l'installation de la Cour pénale spéciale (CPS) à Bangui, laquelle a pour mission d'instruire et juger les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis en Centrafrique depuis 2003. Fruit d'un travail conjoint du Bureau des droits de l'homme et de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), ce rapport recommande à la CPS d’identifier des axes prioritaires d’enquête, pour déterminer les crimes les plus graves, notamment les violences sexuelles.

La Centrafrique a basculé dans l'anarchie en 2013 avec le renversement de l'ancien président François Bozizé par des groupes armés islamistes de la coalition Séléka, entraînant une contre-offensive des anti-Balakas. Les massacres, les lynchages à l'arme blanche ainsi que les exécutions se sont alors multipliés, parfois devant les caméras. L'intervention de la France, de décembre 2013 à octobre 2016, et de la force de la Minusca, forte de quelque 12 500 Casques bleus, a ramené le calme dans la capitale. Mais la violence des groupes armés a redoublé ces dernières semaines dans l'intérieur du pays.

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