Le porte-parole du ministère libyen de la Santé, Anwar Frajallah, a fait savoir qu'au moins 28 personnes avaient été tuées et 128 autres, blessés, dans de violents affrontements, le 26 mai, à Tripoli. Ces combats ont opposé des forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA), soutenu par la communauté internationale, à des groupes rivaux au milieu de quartiers résidentiels de la capitale libyenne.
Anwar Frajallah a précisé que le bilan risquait de s'alourdir en raison de l'existence de cas critiques. «Certains hôpitaux n'ont pas été aussi en mesure de communiquer leurs bilans en raison d'un problème de télécommunication», a-t-il ajouté.
Un responsable de la sécurité du GNA, Hachem Bichr, a déploré pour sa part 23 morts et plus de 29 blessés dans les rangs des forces loyales.
Les combats ont commencé à l'aube dans les quartiers d'Abou Slim, Hadhba et Salaheddine dans le sud de Tripoli, où des chars et armes lourdes ont été déployés, selon des témoins.
«Les voix de la raison [...] doivent prévaloir dans l'intérêt du pays», a pour sa part réagi l'émissaire de l'ONU en Libye Martin Kobler. «Il faut protéger les civils», a-t-il ajouté dans un communiqué parvenu à l'AFP, en exhortant les groupes rivaux à s'abstenir de recourir à la violence à des fins politiques.
En parallèle, un groupe loyal au GNA s'est emparé d'une prison dans le sud de Tripoli où sont détenus les principaux dignitaires du régime qu'avait mis en place Mouammar Kadhafi. En fin de soirée, le 26 mai, les ministères de l'Intérieur et de la Justice du GNA ont précisé que tous les prisonniers leur avaient été remis.
«Les détenus sont en bonne santé et ils ont été transférés dans un lieu sûr», ont ajouté les deux ministères dans un communiqué conjoint.
Plus d'une trentaine de personnalités importantes de l'ancien régime sont détenues dans cette prison, parmi lesquelles le dernier Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi, et l'ex-chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi, tous deux condamnés à mort en 2015.
«Cadeau» de ramadan
En soirée, un calme précaire régnait dans la capitale contrôlées par des dizaines de milices et en proie à une insécurité chronique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Des groupes hostiles au GNA ont revendiqué, sur leurs pages Facebook, des attaques contre les forces loyales à cet exécutif.
Les combats avaient commencé autour d'un complexe d'une dizaine de villas de luxe qui servaient de quartier général à des milices fidèles à l'ancien chef d'un gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, écarté du pouvoir après la formation du GNA.
Le GNA a accusé Khalifa Ghweil et Salah Badi, chef de milice, d'être responsables des attaques, promettant de riposter «sans merci». Les deux hommes, originaires de la ville de Misrata étaient des leaders des milices de la coalition Fajr Libya qui avait pris le pouvoir à Tripoli en 2014.
«Ils ont dépassé toutes limites [...] Rien ne les arrête. C'est leur cadeau aux citoyens pour le mois de ramadan», a dénoncé le GNA dans un communiqué.
Les forces loyales au GNA avaient réussi à gagner en influence à Tripoli, chassant en mars dernier des groupes rivaux de leurs fiefs, dans le centre de la ville et aux alentours, au prix de violents combats. Depuis, un calme inhabituel régnait dans la capitale, même si plusieurs secteurs restent hors de tout contrôle.
Six ans après la révolte ayant mis fin au gouvernement de Mouammar Kadhafi, la Libye reste engluée dans une interminable crise de transition, victime d'une insécurité persistante, d'une économie en lambeaux et de rivalités politiques incessantes.