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Au Burundi, les concubins devront légaliser leur union avant fin 2017

Les Burundais vivant en union libre ou en concubinage s’exposeront à des sanctions dès 2018, a annoncé le gouvernement, évoquant une «démographie galopante» et la nécessité de moraliser la société. Pourtant, certains citoyens dénoncent des dérives.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur et de la formation patriotique du Burundi, Térence Ntahiraja, a déclaré le 26 mai à l’AFP que tous les ménages du pays devraient être régularisés d’ici le 31 décembre 2017, sur demande du président Pierre Nkurunziza.

«Il y a des mariages illégaux qui se font, des centaines de filles dans les écoles se font engrosser et mettent au monde comme ça. Il y a des deuxièmes, troisièmes femmes qui ne sont pas reconnues par la loi», a expliqué le porte-parole, précisant que la décision s’inscrivait dans le cadre d'une «campagne de moralisation de la société».

«La démographie est galopante et la population n'est pas consciente de cette problématique», a ajouté Térence Ntahiraja.

Au Burundi, le terme «concubinage» s'applique à des hommes ou femmes mariés mais séparés de leur époux sans avoir officiellement divorcé, et qui vivent avec une autre personne.

Les autorités ont évoqué une amende de 50 000 francs burundais (22 euros), une somme considérable pour les Burundais. Par ailleurs, la femme d’un couple non-régularisé ne bénéficiera pas de la gratuité pour l'accouchement et l'enfant né de cette union ne profitera pas non plus de la gratuité des études et des soins, a expliqué un habitant à l’AFP.

De nombreux Burundais ont choisi de vivre en union libre parce qu'ils ne pouvaient pas payer la dot exigée par les parents de leur compagne, rapporte l’agence de presse.

Un responsable d'une ONG locale a dénoncé sous couvert d'anonymat une violation des droits de l'Homme». «Le pouvoir n'a pas le droit de s'en prendre à deux adultes qui ont décidé de vivre ensemble sans être mariés», a estimé celui-ci, jugeant que cette campagne faisait partie d’une «croisade religieuse» contre l'adultère menée par le président burundais, un chrétien évangélique «born again».

Mais pour le gouvernement, cette campagne de moralisation est conforme à la loi. «Tout ceci se fait dans le cadre du programme de formation patriotique. Nous voulons que les Burundais comprennent que chacun est responsable de sa vie, nous voulons qu'il y ait l'ordre dans ce pays», a déclaré Térence Ntahiraja.