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Moscou qualifie d'«inacceptable» une nouvelle expulsion d'une journaliste russe par l'Ukraine

La déportation de la correspondante de la chaine férédale russe pour des «activités anti-ukrainiennes» montre une nouvelle fois le non-respect de Kiev de la pluralité d’opinions, d'après la déclaration du Kremlin.

Mardi, le Service de sécurité de l'Ukraine (SBU) a déporté une correspondante russe, Alexandra Tcherepnina, vers Moscou en lui interdisant l’entrée sur son territoire dans l’avenir.

Tcherepnina a déclaré aux journalistes qu’elle avait été malmenée par deux officiers de la police qui l’ont amenée vers un bureau de sécurité, interrogée et accusée de fabrication de propagande.

«Je leur ai demandé de me permettre d’appeler mon bureau, j’ai sorti mon portable mais ils ont attrapé mon bras et l’ont retenu. Ils m’ont réclamé de leur passer le portable de mon propre gré, je n’étais évidemment pas en mesure de refuser. Ils ne m’ont permis de l’utiliser qu'une fois à bord de l’avion pour Moscou», a raconté Alexandra Tcherepnina aux journalistes à son arrivée à l’aéroport de Moscou.

L’ambassade de Kiev a déclaré à l’agence TASS que la jeune femme, qui se trouvait en Ukraine depuis la mi-juin, a été expulsée du pays suite à une décision du gouvernement ukrainien. Selon le service de presse du SBU, Tcherepnina s’est également vue interdite d’entrée sur le territoire Ukrainien pour trois prochaines années.

«Il a été établi qu’elle essayait de filmer un reportage qui aurait discrédité le gouvernement ukrainien», a expliqué la porte-parole du SBU Elena Gitlyanskaya.

Le directeur général de la chaine russe Perviy Kanal, employeur de la journaliste, Kirill Kleïmenov, a raconté à TASS que la jeune femme devait contacter le bureau à midi mais ne l’avait pas fait. Après avoir essayé de la contacter par différents moyens, les gestionnaires ont envoyé son caméraman pour vérifier si elle était dans son appartement.

«Alexandra nous a fait savoir que les responsables du SBU lui ont expliqué que la raison de son expulsion était la «falsification» d’un reportage sur une fille qui menaçait de «massacrer les russes», diffusé sur notre chaîne le 24 juin», a précisé Kleïmenov.

Le Kremlin a déjà officiellement réagi à cette démarche des autorités ukrainiennes, la qualifiant de «catégoriquement inacceptable». «L’Ukraine est devenu depuis longtemps un endroit dangereux pour les journalistes, et pas seulement russes, on constate un non-respect flagrant de la liberté de la presse, de la liberté d’information et de la pluralité d’opinions», a déclaré à cette occasion le porte-parole du président russe Dmirti Peskov.

Plus tôt aujourd’hui, le Comité d’enquête de la Russie a ouvert une procédure pénale concernant l’expulsion de la correspondante russe Alexandra Tcherepnina du territoire ukrainien. Les enquêteurs examinent les accusations de détention arbitraires et délit d’entrave à l’exercice de sa profession contre un journaliste.

«L’expulsion forcée de Tcherepnina est liée uniquement au fait qu’elle écrivait et diffusait la vérité sur les évènements dans l’Ukraine contemporaine, ce qui n’est pas du gout des autorités de Kiev», a estimé le porte-parole du Comité Vladimir Markine.

Le 15 mars dernier, le conseiller du chef du SBU Markiyan Louvkivski a déclaré que l’agence a déjà expulsé ou a refusé l’entrée à plus d’une centaine de journalistes russes.