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Un responsable algérien envoie un diplomate marocain à l'hôpital lors d'une réunion internationale

Le Maroc a fustigé «l'agression physique» de l'un de ses diplomates par un responsable algérien lors d'une réunion d'un comité onusien. Un «grave» incident qui va «contre tous les usages diplomatiques», selon le chef de la diplomatie marocaine.

«Le Comité spécial des 24, un comité de l'ONU sur la décolonisation, tenait le 18 mai une réunion sur l'île de Sainte-Lucie», a expliqué un haut responsable marocain. Et c'est cette île des Caraïbes qui a été le théâtre d’une vive altercation entre un diplomate marocain et un représentant algérien.

«Depuis ces dernières années, à chacune de ces réunions se pose le problème de la représentativité pour nos provinces du sud [du Sahara occidental], où nos représentants élus contestent la présence du Front polisario», a expliqué ce responsable.

«Au cours de la réunion, Soufiane Mimouni, directeur général du MAE [ministère des Affaires étrangères] algérien, a agressé physiquement l'adjoint de notre ambassadeur à Sainte-Lucie», a affirmé cette source.

«Unique dans les annales»

«Notre diplomate a dû partir à l'hôpital, la réunion a été interrompue, une plainte a été déposée», a ajouté le même responsable, photographie à l'appui.

Sur ces clichés, on peut voir un homme en costume sombre, allongé sur le sol et auquel une secouriste porte assistance.

Interrogé par l'AFP, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a confirmé l'incident : «Arriver ainsi à transgresser tous les us et coutumes diplomatiques, de la part d'un haut diplomate, troisième personnage du MAE algérien, c'est grave. Ce genre d'extrême, jusqu'à l'agression physique, c'est unique dans les annales», a-t-il déploré.

«Cela traduit une extrême nervosité de la diplomatie algérienne : qu'un représentant algérien se déplace jusqu'à Sainte-Lucie, et énervé par la demande de nos représentants, en vienne ainsi aux mains. C'est d'autant plus surprenant de la part d'un pays  qui se dit simplement observateur [au Sahara]», a-t-il remarqué, appelant Alger «à contribuer à une solution et à assumer sa responsabilité dans ce dossier».

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est depuis 1975 en grande partie sous contrôle du royaume marocain, qui le considère comme partie intégrante de son territoire. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, en réclame l'indépendance.

Avec le retour du Maroc au sein de l'Union africaine (UA) début 2017, la rivalité entre Rabat et Alger s'est exacerbée autour de la question du Sahara occidental et donne lieu à une sourde lutte d'influence au sein des organisations et rencontres internationales.