«Papa jette une bombe et va en prison», «Il me montre sa bombe en prison» ou encore «J’avale une tartine en prison» : c’est le genre de phrases que l’on peut lire dans un manuel utilisé pour un cours d'alphabétisation du centre Erasme à Anderlecht, en banlieue bruxelloise.
Une citoyenne belge, accueillant chez elle un réfugié irakien qui apprenait le français dans le centre, a déclenché une polémique dans son pays en publiant sur Facebook une photographie des phrases, destinées à être «lues à hautes voix» par les élèves. «Voici quelques phrases édifiantes découvertes aujourd'hui [8 mai] dans le livre de lecture de notre protégé irakien, utilisé pour apprendre à lire aux réfugiés […] Est-on vraiment conscient qu'il s'agit de matériel didactique proposé par un pays d'accueil en vue de l'insertion ?», s’est-elle offusquée, bien que le centre Erasme ne prenne pas en charge que des étrangers.
La télévision belge RTBF, qui a pu consulter le manuel, a expliqué qu’il s’agissait du support d’un cours d'alphabétisation de «Niveau 2», pour adultes. Le livre ne renvoie à aucun éditeur.
Le directeur du centre concerné, Bernard Delécluse, s’est dit «surpris et choqué» et a ordonné de retirer les phrases polémiques dans une version révisée du manuel. Il a précisé que ce dernier avait été rédigé il y a trois ans et qu’il était impossible de vérifier le matériel pédagogique de tout le monde.
La ministre francophone de l’Enseignement de promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la socialiste Isabelle Simonis, s’est elle aussi dite «choquée» des phrases choisies, surtout «dans le contexte actuel». Elle a réclamé une mission d’inspection.