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La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi accueillie à Londres par des militants de la cause Rohingya

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi s'est vue attribuer une distinction honorifique par la Cité de Londres, tandis que des manifestants protestaient à proximité contre le sort réservé à la minorité musulmane Rohingya.

Au cours d'une cérémonie organisée au Guildhall, majestueux bâtiment médiéval, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a reçu le 8 mai le Prix honoraire de la liberté, plus haute distinction personnelle accordée par le comité politique de la Cité de Londres, organisme qui administre le cœur historique et financier de la capitale britannique.  

Ce prix vient saluer sa «lutte non-violente menée pendant de nombreuses années en faveur de la démocratie, et son dévouement constant pour créer une société où les gens peuvent vivre libres, en paix et en sécurité», a précisé la Cité de Londres dans un communiqué.

Tandis que la dirigeante birmane recevait son prix, une quarantaine de manifestants s'étaient rassemblés à l'extérieur du bâtiment, aux cris de «Suu Kyi ment, les Rohingyas meurent». 

«C'est très choquant, c'est très inquiétant», a déclaré Ahmed Mabrur, fondateur et directeur de l'ONG Restless Beings qui a organisé la manifestation, à un journaliste de l'AFP. «Maintenant qu'elle a du pouvoir et du contrôle, elle nie les viols, elle nie le nettoyage ethnique et elle nie le génocide qui se déroule dans son propre pays», a-t-il ajouté

Les manifestants brandissaient également des pancartes exigeant la «libération de tous les prisonniers politiques» en Birmanie, et l'«arrêt des incendies par les militaires des villages de Rohingyas».

Traités comme des étrangers en Birmanie, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations.

Dans un entretien à la BBC début avril, Aung San Suu Kyi, qui avait reçu le prix Nobel de la paix en 1991, et est arrivée au pouvoir il y a un an, avait rejeté les accusations de nettoyage ethnique, alors que l'ONU a lancé une enquête sur des exactions commises contre cette minorité et imputées à l'armée.

Lire aussi : Viols, massacres de bébés : l'armée birmane accusée de «nettoyage ethnique» sur la minorité rohingya

En tournée en Europe, Aung San Suu Kyi a rencontré le 5 mai la reine Elizabeth II et le prince Charles à Londres, après s’être entretenue le 4 mai avec le pape François au Vatican.