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Face à une opinion britannique méfiante, un conseiller de Macron dédramatise le Brexit

L'élection de l'europhile convaincu Emmanuel Macron, qui veut «défendre l'Europe», est perçue comme une menace pour les intérêts britanniques dans les négociations du Brexit. Mais un conseiller du président élu a cherché à rassurer les Britanniques.

L'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République a suscité diverses réactions dans la sphère politique britannique, des plus critiques aux plus formelles.

Pour Nigel Farage, chantre du Brexit, qui soutenait Marine Le Pen, l'élection d'Emmanuel Macron est une «énorme tromperie». «Macron sera la marionnette de Juncker», le président de la Commission européenne, a-t-il ajouté sur Twitter.

La campagne Leave.EU, organisation en pointe pour la promotion du Brexit lors du référendum britannique, va plus loin en twittant «ses condoléances» à la France et en comparant cette élection à la défaite de la France face à l'Allemagne en 1940.

«En 1940, c'était la débandade pour les Français. Cette fois-ci, ils ont fait économiser à l'Allemagne du carburant et des balles», a tweeté le mouvement.

Du côté du 10 Downing Street, le ton était pour le moins amical : le Premier ministre Theresa May, qui avait reçu le candidat Macron en février tout en indiquant qu'elle refuserait d'accueillir Marine Le Pen à Downing Street, a «félicité chaleureusement» le nouveau président. Elle s'est ensuite entretenue par téléphone avec lui.

«Les dirigeants ont brièvement discuté du Brexit, et le Premier ministre a répété que le Royaume-Uni voulait un partenariat fort avec une Union européenne sûre et prospère une fois que nous l'aurons quittée», a déclaré le porte-parole de Theresa May.

«Un nuage sur le Brexit» selon la presse britannique

«Le nouvel espoir de la France fait planer un nuage sur le Brexit», titre en une l'eurosceptique Daily Telegraph.


Le quotidien conservateur rappelle que le plus jeune président français jamais élu avait prévenu pendant sa campagne électorale que les négociations du Brexit «ne seraient pas une balade au parc», promettant de défendre l'intégrité du marché unique européen.

Signe de la défiance qu'il suscite dans les rangs des pro-Brexit, sa victoire est absente des couvertures des tabloïds The Sun et The Daily Mail, qui lui préfèrent une photo d'un baiser échangé entre le prince Harry et sa fiancée Meghan Markle.

Dans ses pages intérieures, le Sun note qu'Emmanuel Macron a rejoint l'esplanade du Louvre au son de l'hymne européen et souligne que le nouveau président français a déjà prévenu que Londres ne pourrait pas bénéficier «du meilleur des deux mondes» en quittant l'UE.

Personne n'a «intérêt à un Brexit dur»

L'économiste Jean Pisani-Ferry, proche conseiller d'Emmanuel Macron, a déclaré le 8 mai sur la BBC que personne n'avait «intérêt à un Brexit dur», à l'approche de l'ouverture des négociations pour le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne. 

«Je pense que personne n'a intérêt à un Brexit dur. Nous devons construire une nouvelle relation. Il y a des intérêts des deux côtés, il y a une négociation à mener, il y a un intérêt commun à conserver la prospérité» des deux côtés de la Manche, a expliqué en anglais Jean Pisani-Ferry, interrogé sur BBC Radio 4. 

Jean Pisani-Ferry, qui a dirigé l'élaboration du programme d'En Marche!, a été interrogé sur l'éventualité d'une volonté d'Emmanuel Macron de punir le Royaume-Uni pour avoir osé décider de quitter l'UE.

«Punir certainement pas», a répondu son conseiller, ajoutant que le président ne constituerait pas moins un «partenaire difficile et exigeant» lors des négociations. 

«Nous avons des intérêts divergents sur certains aspects de la négociation, donc il y aura des discussions difficiles», a-t-il prévenu. Mais il a aussi jugé que les deux parties parviendraient «à gérer la négociation de sortie et à construire une relation nouvelle».

En mars, dans une interview au magazine Monocle, Emmanuel Macron s'était présenté comme un partisan d'un «Brexit dur», refusant d'octroyer au Royaume-Uni un accès privilégié au marché unique. Evoquant la décision des Britanniques de sortir de l'UE, il avait accusé l'ex-chef du parti eurosceptique UKIP, Nigel Farage, et le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, partisan du Brexit, d'être «responsables de ce crime».

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